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11 mai 2024 2 h 06 min

« Est-ce que ChatGPT est un parent supérieur à nous ? »

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/ »Ce texte est tiré de la lettre d’information hebdomadaire ‘Darons Daronnes’ concernant la parentalité, diffusée tous les mercredis à 18 heures. Pour la recevoir, il suffit de s’inscrire gratuitement ici.
L’autre jour, au lieu de nous concentrer sur notre travail, mes collègues et moi avons perturbé l’environnement de notre open space en dévorant des bonbons chocolatés effervescents (un grand merci à Aurélien), tout en menant des discussions un peu trop bruyantes. Lors de cet échange, mon collègue de travail Nicolas, situé en face de moi, nous a partagé une histoire concernant sa fille. Cette petite fille de six ans a l’habitude de questionner de temps en temps une enceinte intelligente à la maison. Malheureusement, l’enceinte ne pouvait ni raconter des blagues, ni chanter des chansons : inutile de dire qu’elle ne lui était d’aucune utilité et que la fillette la trouvait ‘stupide’.

Un jour, grâce à son père, la fillette a commencé une conversation avec ChatGPT, l’intelligence artificielle générative d’OpenAI, qui est maintenant équipée d’une fonction ‘voix’ ouverte à tous. L’expérience était totalement différente de celle avec l’enceinte. Nicolas a raconté : « Cela a duré une dizaine ou une quinzaine de minutes. Je n’ai pas eu à intervenir : la conversation a été fluide du début à la fin, sans essoufflement. C’était un échange avec une petite fille qui changeait souvent de sujet. Elle parlait de sa soirée pyjama chez une amie. ChatGPT comprenait tout ce qu’elle disait, commençait ses réponses par un petit mot encourageant, et rebondissait avec une question.» Technophile, comme l’exige son poste, Nicolas a néanmoins mis fin à cette relation entre la fillette et la machine : « J’ai dû intervenir et lui expliquer le risque, car ChatGPT était trop amical avec elle. Il était toujours très courtois, d’humeur constante, bienveillant. Même ton meilleur ami ne pourrait pas te parler de cette manière pendant plus de cinq minutes. » »/

Initialement, ma première réaction en tant que technophobe nourrie au Frankenstein et à Matrix a été la peur. J’ai eu l’impression que les machines prenaient le dessus et nos enfants étaient leurs cibles. Après un moment de recueillement, une autre crainte a fait surface, peut-être un peu moins irrationnelle. Que se passerait-il si ChatGPT était un parent plus compétent que nous ? Après tout, selon les principes de l’éducation bienveillante, une théorie qui fait débat depuis quelques années, principalement propagée en France par Isabelle Filliozat, nous devrions être attentifs à notre enfant ; faire preuve d’empathie ; formuler des demandes de manière positive ; ne pas crier, élever la voix ou le punir ; et être patient et disponible.

L’IA, quant à elle, a une patience sans borne.

Dans mon cas, le bilan est vite fait. Robot : 1. Clara : 0. Je me crispe quand ils se disputent, je lance environ 850 commandes et négations par jour, les hâte chaque matin comme si nous devions fuir une attaque nucléaire, et je recours à chaque forme de chantage possible (« Tu veux ta tirelire Dark Vador, n’est-ce pas ? »).

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