Alors, qui est à l’origine de la police scientifique ? Pour certains, c’est Conan Doyle, à travers son personnage emblématique Sherlock Holmes. D’autres citent Alphonse Bertillon, le pionnier de l’anthropométrie dans le milieu judiciaire. Cependant, selon l’historien et chercheur Amos Frappa, affilié au Centre de Recherches Sociologiques sur le Droit et les Institutions Pénales (Cesdip), l’instigateur de la police scientifique serait le médecin lyonnais, Edmond Locard (1877-1966). Frappa lui consacre une biographie parue en avril, intitulée « Edmond Locard, le fondateur de la police scientifique » (Afitt éditions, 412 pages, 29,90 euros).
Pourquoi Edmond Locard peut-il être considéré comme le fondateur de la police scientifique ? Grâce à sa vision novatrice, il a su prévoir l’évolution de la police scientifique telle que nous la connaissons aujourd’hui. Nombre de réformes instaurées depuis l’apparition de l’ADN dans les années 80 s’appuient sur ses propositions et ses défenses, publiées et présentées à différentes occasions.
C’est notamment le cas de l’introduction de la police scientifique de proximité dans les années 2000, une réforme qui établit que même pour un vol mineur, un technicien doit systématiquement recueillir les empreintes digitales sur les lieux et les intégrer au Fichier Automatisé des Empreintes Digitales (FAED). Cette méthode, qui permet d’établir des liens entre diverses affaires et parfois de démasquer des criminels majeurs, était l’un des souhaits de Locard, qui exhorte ses concitoyens à ne toucher à rien sur une scène de crime, même pour une infraction minime, afin que les techniciens puissent collecter les traces disponibles.
Locard était donc non seulement un précurseur, mais aussi un théoricien. Il se distingue des grandes personnalités de son temps, tels que le médecin légiste Alexandre Lacassagne [1843-1924], son mentor, et Alphonse Bertillon [1853-1914].
Alphonse Bertillon a été un pionnier dans le domaine de la criminalistique, mais Edmond Locard est souvent vu comme le véritable fondateur en raison de son travail scientifique approfondi. C’est surtout Locard qui a établi les limites de la discipline et a défini les deux principes fondamentaux qui sont encore en vigueur aujourd’hui.
Quels sont ces deux principes ?
Edmond Locard est à l’origine du premier principe, connu comme les douze points. Établi vers 1914, il stipule que si douze caractéristiques correspondent entre deux empreintes digitales, elles peuvent être considérées comme appartenant à la même personne. Le second principe, appelé le principe de l’échange, repose sur l’idée qu’un criminel laisse toujours des traces d’indices à la scène du crime tout en portant des débris de la scène, avec lui.
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