En réponse à l’appel de l’Arabie Saoudite pour « mettre fin au génocide » commis par l’armée israélienne contre les Palestiniens, les dirigeants arabes n’ont pas manqué de mots sévères pour fustiger l’attaque lancée lundi 6 mai par Israël autour de Rafah. Ils considèrent l’opération d’envergure dans cette ville, où vivent 1,4 million de Gazaouis, comme une ligne rouge. Une autre crise humanitaire compromettrait encore plus leur statut aux yeux de leurs peuples. Cela rend également difficile l’élaboration d’un plan pour « l’après », qui tarde déjà à se concrétiser.
La concordance entre les pays arabes et le gouvernement américain, dont les actions sont limitées par l’intransigeance d’Israël à envisager autre chose qu’une occupation militaire de la bande de Gaza, est loin d’être parfaite. Alors que les premiers insistent sur la nécessité de reconnaitre un Etat palestinien comme base d’une solution diplomatique, Washington donne la priorité à la normalisation des relations entre l’Arabie Saoudite et Israël. Ce désaccord crée des tensions au sein du monde arabe, exacerbe les divergences et intensifie la rivalité pour le leadership entre le Qatar, les Émirats arabes unis et l’Arabie Saoudite, comme l’observe un diplomate égyptien.
Après une période prolongée de dialogue, facilitée par les Saoudiens, une proposition collective a été finalisée par le groupe de contact arabe qui comprend l’Egypte, les Emirats arabes unis, la Jordanie et le Qatar. Antony Blinken, le secrétaire d’Etat américain, a reçu ce plan le 24 avril à Riyad, cependant, Washington a rejeté l’initiative. Selon des documents que Le Monde a examiné, le plan met l’accent sur la reconnaissance d’un état palestinien avec Jerusalem-Est comme capitale, dans les frontières de 1967, par le Conseil de sécurité de l’ONU avant de commencer les négociations de paix entre Israël et les Palestiniens.
Laure Foucher, une experte de la Fondation pour la recherche stratégique, explique que cette approche vise à renverser la logique d’Oslo, suggérant qu’il faut reconnaître l’état palestinien avant de commencer à travailler sur le processus de décolonisation. Amman présente cette situation comme un accomplissement qui consacre la solution à deux états et empêche tout retour en arrière.
De plus, les États arabes ont déjà eu une idée de la réaction américaine devant le veto opposé par Washington à la résolution de l’admission de la Palestine à l’ONU, proposée par l’Algérie au Conseil de sécurité le 18 avril.
Les dirigeants arabes sont divisées sur quelle direction prendre ensuite. Les autres détails de cet article sont réservés aux abonnés.