La situation au sud du Brésil reste critique. Des précipitations ont de nouveau frappé Porto Alegre et ses alentours, déjà fortement inondés, ce vendredi 10 mai. Les averses dévastatrices de la semaine dernière ont entraîné une augmentation du niveau de l’eau dans l’état de Rio Grande do Sul, touchant près de deux millions de personnes et causant 116 décès et 756 blessures, selon le dernier rapport fourni vendredi par la défense civile.
Le fait que 143 personnes soient toujours portées disparues fait craindre aux autorités que le nombre de victimes continue d’augmenter, surtout avec la prévision de « fortes » précipitations tout au long du week-end. En l’espace de 24 heures, presque deux fois plus de personnes ont dû quitter leur domicile par rapport à la semaine dernière, atteignant près de 400 000, selon les informations de la défense civile. Plus de 70 000 sinistrés ont trouvé refuge dans des abris.
Période de turbulences climatiques en cours
Malgré ces nouvelles précipitations, les résidents de Porto Alegre, la métropole régionale de 1,4 million d’habitants, tentent de rétablir une certaine normalité. Quelques boutiques commencent à rouvrir alors que l’eau recule lentement dans certains quartiers. Le trafic y est cependant très dense à cause des nombreuses voies encore inondées à travers la ville.
Selon l’Institut National de Météorologie, la région devait s’attendre à des précipitations vendredi, accompagnées d’« intenses vents et de grêle ». Par ailleurs, le site spécialisé MetSul Meteorologia a annoncé « une nouvelle période de turbulences climatiques sévères », avec des précipitations accumulées qui pourraient atteindre jusqu’à 200 millimètres lundi à Porto Alegre.
Malgré le chargement constant de camions-citernes qui parcourent la ville jour et nuit pour approvisionner les abris, les hôpitaux, les bâtiments et les hôtels, l’eau embouteillée demeure une denrée rare dans cette métropole de 3,4 millions d’habitants. Les inondations catastrophiques ont causé des dégâts ou la destruction de plus de 85 000 maisons, et le secteur agricole, un pilier de l’économie locale et nationale, a également été durement touché. Les champs et les machines sont sous l’eau, les fermes et les entrepôts sont inaccessibles, et l’eau a aussi inondé les zones de riziculture qui entourent la ville de Porto Alegre, rendant les cultures inaccessibles.
Selon Clare Nullis, porte-parole de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM), agence des Nations Unies (ONU), ces inondations sont la conséquence du changement climatique associé au phénomène météorologique naturel El Niño. Elle estime lors d’une conférence de presse à Genève que même lorsque El Niño s’affaiblira, les effets durables du changement climatique se feront toujours sentir. « Chaque fraction de degré de hausse de la température signifie que notre climat deviendra plus extrême », a-t-elle déclaré. « Notre climat est sous stéroïdes » et elle avertit que les inondations extrêmes et les vagues de chaleur intenses continueront de « se multiplier ».