Le vendredi 10 mai, le Musée d’Orsay a déclaré avoir déposé une plainte à la suite d’un acte de vandalisme sur l’une de ses œuvres les plus célèbres, « L’Origine du monde » de Gustave Courbet (1819-1877). L’œuvre était exposée au Centre Pompidou-Metz dans le cadre d’une exposition dédiée à Jacques Lacan, l’un de ses anciens propriétaires et chercheur renommé en psychanalyse. Malgré sa protection par une vitre, l’œuvre a été taguée « MeToo » par deux femmes qui ont depuis été placées en garde à vue.
L’œuvre est actuellement en restauration en raison des éclaboussures de peinture rouge qui peuvent laisser des marques permanentes même après restauration, comme précisé par le musée. De plus, les solvants nécessaires pour nettoyer la vitre de protection risquent d’endommager ses propriétés et nécessiteront donc son remplacement. Suite à une analyse plus minutieuse requise pour la restauration, le tableau ne pourra pas être remis en place avant la clôture de l’exposition « Lacan, quand l’art rencontre la psychanalyse » le 27 mai.
« L’Origine du monde », qui dépeint le sexe féminin, est considéré comme l’un des tableaux les plus célèbres du XIXème siècle. Resté méconnu du grand public durant des décennies, il a gagné en notoriété après le décès de Jacques Lacan en 1981, lorsque ses héritiers l’ont légué à l’État. En 1995, il a été ajouté à la collection du Musée d’Orsay.
L’artiste turco-égyptienne Khalil Bey a commandé la création de l’œuvre en 1866, une pièce qui ferait un jour partie de sa collection de peintures érotiques, dont Le Bain turc par Jean Auguste Dominique Ingres. Après Khalil Bey, l’art a eu de nombreux autres propriétaires. À travers une découverte en 2018, on a appris que le modèle pour l’œuvre était Constance Quéniaux, une danseuse qui est restée dans l’anonymat pour plus d’un siècle et demi.
L’œuvre n’était pas la seule à être marquée par la phrase « Me Too » – quatre autres l’ont également été, dont une qui aurait pu être endommagée car toutes n’étaient pas protégées, a souligné le procureur de la République de Metz, Yves Badorc. De plus, une autre œuvre d’art, une broderie rouge sur tissu créé en 1991 par Annette Messager, portant le titre Je pense donc je suce, a été dérobée.
Deborah De Robertis, artiste performeuse franco-luxembourgeoise, organisatrice de cette « action », la baptisa « On ne sépare pas la femme de l’artiste ». Robertis et une autre femme ont été inculpées et mises sous contrôle judiciaire. Cependant, une troisième personne soupçonnée d’être à l’origine du vol n’a pas encore été appréhendée.
De Robertis, dans une vidéo envoyée à l’Agence France-Presse, a expliqué que la mise en scène de cette performance féministe était une critique du monde de l’art contemporain, qu’elle a jugé majoritairement silencieux. Dans une lettre ouverte, elle a critiqué six hommes du milieu artistique, les qualifiant de « calculateurs », « prédateurs » ou « censeurs ».
La photographie de Deborah De Robertis, intitulée Miroir de l’Origine du monde, est présentée près de L’Origine du monde dans le cadre de l’exposition du Centre Pompidou-Metz. L’image laisse entrevoir l’artiste, dans toute sa nudité, posant sous la peinture de Courbet. Cette performance, qui avait eu lieu de manière illégale le 29 mai 2014 au Musée d’Orsay, lui avait valu une amende. Pour avoir posé nue devant la grotte de Lourdes en 2018, elle a dû payer une amende, mais la relaxe a suivi après d’autres actions dans le même genre, comme en 2017 lorsqu’elle a exposé son intimité au Musée du Louvre, face à la Joconde.
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