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10 mai 2024 0 h 07 min

« Choléra à Mayotte: Gouvernement assure Contention »

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Frédéric Valletoux, le ministre responsable de la santé, a fourni des assurances jeudi 9 mai lors de sa visite à Mayotte, affirmant que l’épidémie de choléra qui affecte l’île depuis près de deux mois est « sous contrôle ». « Il n’y a pas d’escalade dramatique, mais cela ne signifie pas une fin immédiate », a-t-il déclaré aux médias lors d’une visite à l’hôpital universitaire de l’île. Bien que « le nombre de cas recensés à ce jour n’est pas stabilisé », l’intervention des services « rapide, coordonnée et adaptée » a permis de maintenir la situation sous contrôle, a-t-il ajouté.

Auparavant, le ministre avait visité le quartier Kirson à Koungou, où au moins 50 cas de choléra ont déjà été signalés et où une petite fille de 3 ans est décédée mercredi soir. M. Valletoux a noté que l’épidémie avait commencé un mois et demi plus tôt aux Comores voisines, mais qu’il y a maintenant des milliers d’affaires et près de cent morts. « On peut voir qu’à Mayotte, la réponse est appropriée », a-t-il dit en comparaison.

Il a également discuté sur place avec les équipes de l’Agence Régionale de Santé (ARS) responsables de la désinfection des maisons dès la suspicion d’un cas. « Nous distribuons aussi des antibiotiques aux membres de la famille et nous vaccinons autant que possible. La population est très réceptive », a déclaré Olivia Noël, une coordonnatrice sur le terrain faisant partie des 29 réservistes appelés en renfort pour « contrôler l’épidémie » sur cette île française de l’océan Indien.

Estelle Youssouffa, une députée du groupe politique LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires) de Mayotte, a exprimé ses inquiétudes concernant la majorité de la population qui est étrangère, souvent sans téléphone et craintive envers les autorités. Son observation est que ces individus attendent généralement jusqu’à l’ultime moment avant d’alerter les secours. Youssouffa suggère de recommencer une initiative de distribution d’eau en bouteille pour réduire le risque de propagation de maladies par l’eau contaminée, qui est considérée comme l’un des moyens de transmission des maladies aux côtés des aliments contaminés.

Les premiers individus diagnostiqués avec le choléra à Mayotte ont été identifiés à la mi-mars. Ils revenaient justement des Comores, où l’épidémie se propage rapidement avec 98 décès enregistrés, selon les données officielles. Sur l’île de Mayotte, les premiers cas locaux de choléra ont été repérés à la fin avril.

Le choléra est une maladie bactérienne qui peut causer de graves diarrhées et conduire à la mort par déshydratation en seulement un à trois jours. Depuis la mi-mars, il y a eu 58 cas de choléra enregistrés par les autorités de Mayotte, dont six actifs au dernier recensement le 6 mai.

Pour minimiser la propagation de la maladie, un protocole a été mis en place en février qui comprend la désinfection des domiciles des malades, l’identification et le traitement des personnes en contact avec les malades, et une campagne de vaccination autour du lieu de résidence des personnes atteintes de choléra.

Alimata Gravaillac, chef du service d’urgence à l’hôpital CHU de Mayotte, a également fait remarquer que des personnes malades arrivent directement à l’hôpital sur des bateaux appelés kwassa-kwassa, normalement utilisés par les migrants venant des Comores pour rejoindre Mayotte.

La fonctionnaire fait référence à ces transports comme des « kwassa sanitaires », qui entraînent une « tension additionnelle sur le personnel médical ». Les professionnels des urgences, qui commencent leur shift en ayant « 40 patients à prendre en charge », devront être capables de « maintenir leur performance à long terme », selon ses estimations.

Lors d’une interview sur RTL, Benjamin Davido, un spécialiste des maladies infectieuses à l’Hôpital de Garches (Hauts-de-Seine), a insisté sur le fait que « pour stopper le flot de l’épidémie, il serait nécessaire de s’occuper également de la situation aux Comores ». Il prévient que l’épidémie actuelle sera « extrêmement ardue » à « contrôler, et il y a le risque de voir une croissance très rapide du nombre de cas, peut-être même plusieurs autres morts ».