Quel rôle une université doit-elle jouer dans une société démocratique ? Elle doit servir de plateforme pour l’acquisition de connaissances et l’émergence de nouvelles idées face à des problématiques complexes.
L’image que notre institution a reflétée ces dernières semaines ne correspond ni à notre vision professionnelle, ni à notre conception de l’université. Elle n’est pas non plus en adéquation avec l’idéal de libre-pensée et de pluralisme qui guide notre république.
La fermeture d’esprit, le radicalisme et une simplification excessive ont régné depuis plusieurs jours. Nous déplorons plusieurs déclarations, qui, sous le prétexte d’une légitime défense des droits des Palestiniens, appellent à l’arrêt du dialogue avec les Israéliens. Cette stratégie intolérable, dont espèrent bénéficier certains politiques qui ont visité nos campus, n’est pas conforme à nos valeurs. Elle ne peut pas être adoptée par l’université dans un contexte aussi sensible.
Les slogans simplistes, l’invasion des locaux et l’entrave aux activités ne peuvent pas remplacer une réflexion critique et contradictoire. Nos sensibilités et affinités peuvent différer, mais ces divergences ne doivent pas nous empêcher de dialoguer entre nous et avec l’extérieur, sans intimidation ni pression morale.
Nous prônons le retour à une certaine civilité intellectuelle et républicaine, basée sur le respect pour ceux qui ont des opinions différentes, et l’acceptation des principes fondamentaux du pluralisme critique. L’objectif étant de construire des passerelles à la place de les détruire.
C’est notre devoir de prendre du recul sur les termes qui sont manipulés sans retenue dans les discussions, tels que le sionisme, le génocide ou l’antisémitisme. Nous devons également nous interroger sur le moment où nos préjugés et notre sensibilité personnelle deviennent excessifs. Une limite est dépassée lorsqu’un boycott des universités israéliennes est suggéré. Cette proposition, lorsque non motivée par un sectarisme délibéré, reflète une méconnaissance importante des débats existant en Israël et de la situation politique actuelle au Moyen-Orient.
Il faut, en réalité, encourager le contraire du boycott : plutôt que de soutenir des barricades, des slogans excessifs et des propos offensants, nous devrions favoriser un débat constructif avec toutes les parties concernées. Assurons-nous que Sciences Po soit un lieu d’échanges entre Israéliens et Palestiniens, mais aussi plus généralement entre les résidents des différents pays de la région. Sans la contribution des universités israéliennes et de leurs homologues, dans un contexte d’une véritable communauté internationale du savoir, ce projet ne peut pas voir le jour.
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