La sélection matinale de livres cette semaine offre un mélange de genres, de lieux et de thèmes. Elle va du dernier livre de Deborah Levy, qui explore la complexité de l’individualité, à l’examen approfondi d’Anne Plantagenet de la disparition soudaine de Letizia Storti, une travailleuse de l’usine. Le choix inclut également un essai puissant de l’historien allemand Karl Schlögel, une collection des écrits de Raymond Aron (1905-1983) sur l’Europe et le dernier roman de Scholastique Mukasonga, racontant l’exil d’une jeune Rwandaise deux décennies avant le génocide Tutsi.
L’ouvrage « Hot Milk » de Deborah Levy se démarque en particulier, avec son atmosphère aquatique évoquée par l’écriture compacte de l’auteur. Les courants divergents, parfois violents, qui coulent sous sa surface transparente, ainsi que sa façon d’absorber et d’atténuer les sons, ne font que renforcer son attrait. Le roman se passe principalement à Almeria en Espagne, où Sofia Papastergiadis, une Britannique, interrompt sa thèse d’anthropologie pour accompagner sa mère Rose, en août 2015, afin de traiter à la clinique de luxe du Dr Gomez des maux qui apparaissent et disparaissent en fonction des circonstances. Ces maux ont transformé Sofia, 25 ans, en esclave pour sa mère.
Dans ce roman de Deborah Levy, truffé de références à la figure mythique de Méduse, ce qui prédomine plus qu’une simple fantaisie maternelle-filiale, c’est la capacité de réinventer et de réinterpréter les actes, les mots et les images. C’est cette diversité d’interprétations qui pousse la protagoniste Sofia à rompre avec son inertie, à se mouvoir, à s’épanouir dans sa propre diversité et à refuser d’être fossilisée dans une seule interprétation de la vie.
Le célèbre historien allemand, Karl Schlögel, dans son livre « L’avenir se joue à Kyiv. Leçons ukrainiennes », nous rappelle que nous vivons dans une Europe grandissante, qui englobe également l’Ukraine, une terre jusqu’alors inconnue pour beaucoup. Suite à l’agression russe à large échelle sur l’Ukraine en 2022, l’Europe s’est soudainement éveillée à cette réalité, selon Schlögel. Cet éveil avait commencé bien plus tôt pour lui, en 2014, lors de la révolution de Maidan.
La première édition de « L’avenir se joue à Kyiv » a été publiée en 2015, tandis que la deuxième a vu le jour en 2022, incluant des écrits postérieurs au 24 février. Le contenu du livre est comme une couche supplémentaire s’ajoutant à l’histoire déjà riche du livre, mêlant autobiographie, histoire récente et ancienne, et surtout le travail traditionnel de portrait de villes propre à Schlögel.
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