Mercredi 8 mai, à Marseille, Amélie Oudéa-Castéra a assisté à l’arrivée de la flamme olympique, lors des préparatifs des Jeux Olympiques, en tant que ministre des sports. Elle ignorait qu’elle aurait été signalée pour « pratique illégale de prise d’intérêts » le 25 janvier par l’organisation Anticor, qui lutte contre la corruption.
L’information a été remise à la Commission des requêtes de la Cour de Justice de la République (CJR), l’unique organisme habilité à juger les membres du gouvernement. Le dossier concernait une réunion du conseil d’administration du Groupement d’Intérêt Public (GIP) France 2023, responsable de l’organisation de la Coupe du monde de rugby en France cette même année. La ministre en est membre depuis le 31 mars 2023.
Selon Anticor, lors de cette réunion elle a adopté une résolution portant sur « la validation des investissements financiers du comité d’organisation ». Les directeurs du GIP devaient se prononcer sur un investissement financier fait en 2021 auprès de l’un de ses partenaires, la Société générale. Cette investissement de 24 millions d’euros s’est soldé par une perte de plus d’un million d’euros, incitant le GIP, à travers un vote, à abandonner cet investissement.
Selon le procès-verbal de la délibération, la ministre n’a pas participé au débat ni au vote, ce qui semble respecter un décret gouvernemental d’incompatibilité émis le 4 août 2022, peu de temps après son entrée au sein du gouvernement, en mai 2022.
Ex-championne de tennis et ancienne directrice générale de la Fédération française de tennis (FFT) de 2021 à 2022, Mme Oudéa-Castéra est aussi l’épouse de Frédéric Oudéa. Ce dernier a été le directeur général et PDG du groupe Société générale pendant 15 ans, de mai 2008 à mai 2023.
Compte tenu de sa situation personnelle, il y avait un risque de conflit d’intérêts. C’est pour cette raison que le décret indique que Mme Oudéa-Castéra « n’est pas impliquée dans des activités de tout type concernant les entreprises des groupes Axa, Carrefour, Société générale, Capgemini et Sportbudiz ». En effet, la ministre avait tenu des rôles de direction dans les deux premières sociétés, et son mari l’avait fait dans la troisième.
Selon Anticor, « alors qu’un débat se déroulait sur le fait que la Société générale était la seule banque avec laquelle le consortium avait établi des relations commerciales, Mme Oudéa Castera, d’après Mediapart, « semblait être immergée dans des conversations avec ses collègues à proximité ».
Mme Oudéa-Castéra était donc présente dans la salle du conseil d’administration du GIP le 31 mars 2023, pendant les discussions et le vote. Elle a déclaré par la suite qu’elle « regrettait » de ne pas l’avoir quittée, selon Mediapart. L’association juge qu’elle aurait dû le faire et considère qu’il y a là matière à considérer un possible délit de « prise illégale d’intérêts ».
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