Un haut représentant américain a annoncé le 7 mai que les États-Unis avaient stoppé l’envoi d’un chargement d’armes à Israël la semaine précédente, faute de réaction d’Israël face aux inquiétudes de Washington concernant une possible attaque militaire à Rafah, au sud de la bande de Gaza. Le chargement comprenait 1 800 bombes de 907 kg et 1 700 bombes de 226 kg. Aucune décision définitive quant à la suite de l’expédition n’a été prise.
Ce mercredi matin, l’armée israélienne continuait de bombarder la bande de Gaza, où elle a réussi à contrôler un passage important avec l’Egypte. Des rapports indiquent des attaques dans plusieurs zones du territoire palestinien, y compris à Gaza, où l’hôpital Al-Ahli a signalé le décès de sept membres d’une même famille suite à un bombardement aérien.
Auparavant, l’armée israélienne avait déployé des chars à Rafah et pris le contrôle du passage frontalier avec l’Egypte, bloquant ainsi les deux points principaux d’accès à l’aide humanitaire – Rafah et Kerem Shalom, une action que les États-Unis ont jugé « inacceptable ».
Les pourparlers pour un cessez-le-feu après sept mois de conflit entre Israël et le Hamas sont en cours au Caire, avec la participation de médiateurs égyptiens, qataris et américains.
Selon Al-Qahera News, un média égyptien proche des services de renseignements, toutes les parties ont exprimé leur volonté de recommencer les pourparlers pour atteindre une trêve entre Israël et le Hamas. John Kirby, un porte-parole de la Maison Blanche, a exprimé son optimisme sur le fait que les deux parties pourraient combler les différences restantes et parvenir à un cessez-le-feu, espérant un accord très prochainement.
Le Premier Ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a ordonné à la délégation israélienne au Caire de maintenir des exigences fermes pour la libération des otages et assurer la sécurité d’Israël. Selon un haut responsable anonyme du Hamas qui s’est entretenu avec l’AFP, cette pourrait être la dernière opportunité pour Israël de récupérer les otages encore vivants.
Khalil Al-Hayya, le numéro deux de la branche politique du Hamas à Gaza, a détaillé la proposition approuvée par le Hamas, qui comprend trois étapes de quarante-deux jours chacune. Cela inclut le retrait d’Israël du territoire, le retour des personnes déplacées et un échange de prisonniers, dans le but d’instaurer un « cessez-le-feu permanent ».
Jusqu’à maintenant, Israël est contre un cessez-le-feu permanent tant que le Hamas, en charge à Gaza depuis 2007, n’a pas été défait. L’armée israélienne a lancé une opération de « contre-terrorisme » dans des zones spécifiques à l’est de Rafah après avoir demandé à des dizaines de milliers de familles de quitter le secteur qui abrite 1,4 million de Palestiniens, selon l’ONU.
La population américaine cherche une solution de remplacement à l’initiative d’attaque à Rafah présentée par les Israéliens. L’annonce d’évacuation a été effectuée en préparation de l’attaque terrestre que Benyamin Nétanyahou veut mener pour neutraliser les derniers groupes de militants du Hamas, et également pour « exercer une contrainte militaire » sur le groupe islamiste pour arriver à possiblement obtenir un accord qui satisferait « les demandes israéliennes ». Yoav Gallant, le ministre de la Défense, a clairement indiqué mardi que l’armée israélienne était en attente pour « intensifier » ses opérations « dans toute la bande » de Gaza s’il n’y avait pas de progression dans la libération des otages. Les États-Unis ainsi que l’ONU et l’Union européenne ont exhorté Israël à ne pas concrétiser sa menace d’attaque à Rafah.
Des discussions relatives à une solution alternative ont été menées par les hauts responsables israéliens et américains, cependant celles-ci, « sont en cours et n’ont pas entièrement apaisé nos craintes », a déclaré le haut responsable de l’administration Biden. « Alors que les dirigeants israéliens semblaient se pencher sur une décision relative à une telle offensive, nous avons commencé à examiner précisément les propositions de transfert d’armes spécifiques à Israël qui pourraient servir à Rafah. Ces discussions ont débuté en avril », a précisé ce haut fonctionnaire.
Il a également fait savoir que Washington était « particulièrement concentré » sur l’usage des bombes les plus dévastatrices de 2 000 livres « et l’impact qu’elles pourraient engendrer dans des environnements urbains denses comme nous l’avons constaté dans d’autres régions de Gaza ».
D’ailleurs, les points de passage de Rafah et Kerem Shalom demeurent fermés.
L’Organisation des Nations Unies (ONU) a déclaré mardi qu’elle était interdite d’accéder au point de passage de Rafah depuis l’Égypte, un point de transit crucial pour l’aide humanitaire destinée à la population de Gaza. Selon les rapports égyptiens, « des centaines de camions transportant du carburant et des secours humanitaires sont immobilisés », à la suite de la fermeture du passage de Rafah et de celui de Kerem Shalom, entre Israël et Gaza, cible de tirs.
L’ONU a également signalé qu’il ne lui restait plus qu’un jour de réserves de fioul pour mener ses opérations humanitaires à Gaza. Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a exhorté Israël à « arrêter l’escalade » et à rouvrir « immédiatement » les points de passage de Rafah et de Kerem Shalom.
Mardi, l’armée israélienne a déclaré qu’elle avait été frappée par dix-huit tirs de roquettes depuis Rafah vers le sud d’Israël, dont certains étaient dirigés vers le passage de Kerem Shalom, ce qui a, selon elle, « empêché » l’acheminement de l’aide humanitaire.
Au dire de Washington, le passage de Kerem Shalom doit être rouvert ce mercredi et la construction du port artificiel au large de Gaza est maintenant achevée, ce qui devrait faciliter la livraison de l’aide humanitaire par voie maritime, une question cruciale depuis le début de la guerre.
Depuis la frappe du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, dans laquelle plus de 1 170 personnes ont été tuées, la plupart d’entre elles étant des civils, plus de 34 000 personnes ont donc été tuées par les bombardements israéliens à Gaza, selon le responsable de la santé du Hamas.