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8 mai 2024 12 h 10 min

« Nouvelle attaque russe majeure en Ukraine »

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Consultez tous nos articles, décodeurs et reportages concernant le conflit en Ukraine. « Le Monde » propose des décriptages, analyses et reportages détaillés. Human Rights Watch accuse la Russie d’avoir commis de nombreuses exécutions de militaires ukrainiens. La situation se complique en mer Baltique où la Russie intensifie le brouillage du GPS. Les ukrainiens exilés et aptes à se battre sont de plus en plus ciblés. Le populisme, le climat et les conflits en Ukraine et à Gaza préoccupent grandement les intellectuels européens. « Pacha », un jeune russe enrôlé dans l’armée et qui a fait la une de « M Le magazine du Monde », a perdu la vie. Les États-Unis fournissent des missiles ATACMS longue portée à l’Ukraine. Les pilotes ukrainiens de F-16 formés par les Européens ne seront pas opérationnels avant fin 2024. Oksana Leuta, aussi présente sur scène qu’en Ukraine, est très impliquée dans le conflit. Les forces russes utilisent des bombes planantes, qualifiées d’«arme ultime», qui démontrent le manque d’équipement des Ukrainiens. À Odessa, le conflit en Ukraine perturbe la vie de quatre élèves de l’Académie maritime. En Russie, l’incorporation systématique de prisonniers dans l’armée pour combattre est une pratique courante. Le voyage difficile des ukrainiennes victimes de violences sexuelles dans un pays où le viol est un sujet tabou est mis en lumière. Nous répondons enfin à vos interrogations les plus communes, notamment sur l’utilisation de drones par Moscou et Kiev.

Le conflit de drones entre la Russie et l’Ukraine s’est intensifié de manière sans précédent ces derniers mois. Conformément à une étude publiée par un groupe de réflexion britannique spécialisé en défense en mai 2023, les ukrainiens perdent environ 10 000 drones par mois dans le combat, soit plus de 300 par jour, un chiffre impressionnant comparé à l’armée française qui compte seulement plus de 3 000 drones dans son inventaire.

Tant les Ukrainiens que les Russes se servent principalement de petits Véhicules Aériens Non-Pilotés (VANP) d’usage civil, abordables et largement disponibles. Ils sont utilisés pour surveiller le champ de bataille, diriger les troupes ou le tir d’artillerie. Certains sont adaptés pour transporter de petites charges explosives qui sont ensuite larguées sur des tranchées ou des tanks.

Bien que moins répandus, les drones-kamikazes jouent un rôle crucial. Equipés de charges explosives, ces VANP sont envoyés au-dessus de la ligne de front sans cible prédéfinie. Moscou fait usage des drones russes Lancet-3, ainsi que des Shahed-136 fabriqués en Iran. Malgré l’absence d’une flotte de combat conséquente, l’Ukraine défi l’adversaire avec des engins maritimes non-pilotés – de petits kayaks télécommandés chargés d’explosifs (450 kilos de TNT).

L’importance des drones dans les opérations militaires est soulignée par les efforts des Ukrainiens et des Russes pour soutenir leurs troupes à long terme. Non seulement ils achètent des drones civils en grand nombre sur le marché, mais ils établissent également leurs propres capacités de production. Au début de la guerre du Donbass, qui a commencé il y a une décennie, l’industrie nationale ukrainienne était à ses balbutiements. Depuis lors, elle a gagné en force. À la fin d’août, le ministre ukrainien de la transformation numérique a déclaré qu’une réplique du drone russe Lancet avait été développée et serait bientôt lancée sous le nom de Perun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

Subissant les effets des sanctions occidentales qui restreignent son accès aux composants électroniques, la Russie éprouve plus de difficultés. Toutefois, selon les services de renseignement américains, Moscou aurait commencé à construire une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga pour y fabriquer des drones kamikazes de conception iranienne, tels que les Shahed-136.

Quant aux stocks de missiles de l’armée russe, il est extrêmement difficile, voire impossible, de connaître leur état actuel. Les services de renseignements ukrainiens font régulièrement des déclarations à ce sujet, mais leurs estimations sont douteuses.

D’après les informations fournies par le porte-parole de la direction générale du renseignement du ministère de la défense (GUR), Andri Ioussov, et rapportées par Liga.net, l’arsenal militaire russe comptait initialement 2 300 missiles balistiques et de croisière avant le conflit. Au début de cette année, ils en avaient encore plus de 900. En outre, Ioussov mentionne l’existence d’environ dix mille missiles antiaériens S-300, ayant une portée d’environ 120 kilomètres, ainsi qu’un nombre significatif de S-400, une version plus récente ayant une portée trois fois plus grande. En août dernier, Vadym Skibitsky, le second en charge du GUR, mentionnait un total de 585 missiles avec une portée dépassant les 500 kilomètres.

En ce qui concerne la production, plusieurs experts affirment qu’elle a atteint la fabrication d’une centaine de missiles balistiques ou de croisière par mois. En octobre, le GUR estimait cette production à environ 115 unités mensuelles.

La Russie a également acquis auprès de l’Iran et de la Corée du Nord des missiles à courte portée, et continue à le faire. Selon l’agence de presse Reuters, qui fait référence à plusieurs sources iraniennes, environ 400 missiles iraniens de la série Fateh-110 (300 à 700 kilomètres) auraient été livrés à la Russie depuis janvier, date à laquelle un accord aurait été signé. Quant au nombre de missiles achetés en Corée du Nord, il n’est pas précisé. Cependant, on sait que 24 d’entre eux ont été lancés en Ukraine entre le 30 décembre 2023 et le 7 février 2024, d’après le procureur général, Andriy Kostin. Les experts qui ont examiné les restes et les trajectoires s’accordent à dire qu’il s’agirait probablement de KN-23 et KN-24 avec une portée d’environ 400 kilomètres.

Et que penser des avions de combat F-16 ?

En réponse à une demande à long terme du président ukrainien, les États-Unis ont consenti au transfert des avions de combat F-16 à l’Ukraine en août 2023. Plus de 300 F-16 sont disponibles dans neuf pays européens, dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal. Cependant, tous ces pays ne sont pas capables de donner leurs F-16 du jour au lendemain.

Le président ukrainien Zelensky avait mentionné un total de 42 F-16 promis par les alliés occidentaux à Kiev, mais ce chiffre n’a pas été vérifié. Le Danemark a accepté de donner 19 de ses avions, dont les six premiers seront livrés fin 2023, suivis de huit autres en 2024 et de cinq derniers en 2025, selon la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Bien que les Pays-Bas aient également promis des F-16, ils disposent de 42 unités mais ont évité de préciser combien ils comptent en donner.

En plus de cela, il est nécessaire de former les pilotes ukrainiens à l’utilisation de ces avions de combat américains. Onze alliés de Kiev se sont engagés à accueillir des pilotes pour cette tâche. Selon l’OTAN, le personnel militaire ukrainien ne sera capable de manœuvrer les avions dans des situations de combat qu’au début de l’année 2024, tandis que d’autres experts estiment plutôt l’été de cette même année.

Quel genre de soutien militaire les alliés apportent-ils à Kiev? Il reste encore à voir.

Deux années se sont écoulées depuis l’escalade du conflit et l’élan de soutien de l’Occident à Kiev semble ralentir. D’après le dernier rapport de l’Institut Kiel publié en février 2024, les aides apportées récemment entre août 2023 et janvier 2024 sont en chute par comparaison à la même période de l’année précédente. Cette descente pourrait se poursuivre, le Sénat américain éprouvant des difficultés à approuver des aides et l’Union Européenne (UE) ayant rencontré d’énormes obstacles pour l’adoption d’une aide de 50 milliards le 1er février 2024, due à l’obstruction hongroise. Ces deux derniers plans d’aide ne sont pas inclus dans le dernier bilan de l’Institut Kiel qui s’est terminé en janvier 2024.

Les statistiques de l’institut allemand dévoilent que les donateurs diminuent en nombre et se centralisent autour d’un noyau de pays tels que les Etats-Unis, l’Allemagne, les pays du nord et de l’est de l’Europe. Ensemble, ils offrent une aide financière substantielle et de l’armement sophistiqué. Depuis février 2022, les pays en soutien à Kiev se sont engagés à fournir au moins 276 milliards d’euros en aide militaire, financière ou humanitaire.

Les nations les plus fortunées se sont avérées être les plus généreuses. Les Etats-Unis sont les plus grands donateurs avec plus de 75 milliards d’euros d’aide promise, dont 46,3 milliards sont destinés à l’aide militaire. Les pays de l’UE ont annoncé à la fois des aides bilatérales (64,86 milliards d’euros) ainsi que des aides conjointes provenant des fonds de l’UE (93,25 milliards d’euros), pour un total de 158,1 milliards d’euros.

Lorsqu’on compare ces dons avec le produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateurs, le classement s’ajuste. Les États-Unis se retrouvent donc à la vingtième place, représentant 0,32% de leur PIB, bien en-dessous d’anciennes républiques soviétiques voisines de l’Ukraine. L’Estonie apparait en première place des donateurs rapportés au PIB avec 3,55%, suivie de près par le Danemark (2,41%) et la Norvège (1,72%). La Lituanie (1,54%) et la Lettonie (1,15%) complètent le top 5. Les trois États baltes, qui partagent tous une frontière avec la Russie ou son alliée, la Biélorussie, sont parmi les plus généreux depuis le début des hostilités.

En ce qui concerne le pourcentage du PIB, la France se retrouve au vingt-septième rang, ayant contribué à hauteur de 0,07% de son PIB, légèrement derrière la Grèce (0,09%). L’aide que la France a apportée a constamment diminué depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – la France se trouvait en vingt-quatrième position en avril 2023, et treizième à l’été 2022.

Qu’en est-il des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Les liens entre la Pologne et l’Ukraine ont été tendus dernièrement à cause des enjeux entourant le transit de céréales ukrainiennes. Au printemps 2022, l’Union Européenne a créé des « voies de solidarité », exemptant de droits de douane les produits agricoles ukrainiens destinés à l’Afrique et au Moyen-Orient, pour faciliter leur évacuation et vente. Néanmoins, environ la moitié des céréales ukrainiennes traversent ou finissent leur route au sein de l’UE, comme confirmé par la Fondation Farm. Ces céréales se révèlent moins chères que le blé produit localement, particulièrement dans les nations de l’Europe centrale.

En avril 2023, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont donc suspendu leurs importations de céréales ukrainiennes, alléguant l’impact négatif sur le marché local et, par extension, sur le rendement des agriculteurs. Bruxelles avait autorisé cette décision, sous réserve que le transit vers d’autres pays ne soit pas perturbé, et que l’embargo n’excède pas une durée de quatre mois. Cependant, la Pologne a choisi de maintenir fermée sa frontière aux céréales ukrainiennes après l’été, estimant que le problème persistait. Pour sa part, Bruxelles jugeait que l’embargo n’avait plus lieu d’être, étant donné que leurs analyses indiquaient une absence de perturbations sur les marchés nationaux des céréales.

D’après l’information initiale, les fermiers polonais ont érigé un blocus à la frontière avec l’Ukraine pour interdire l’accès des camions ukrainiens à leur pays. Ils demandent une interdiction totale des produits agricoles et alimentaires venant d’Ukraine car ils font face à une augmentation soudaine des coûts de production, à la saturation des silos et des entrepôts et à la baisse des prix. Le chef de l’État ukrainien a affirmé début 2024 que le siège de la frontière polonaise était un signe de « l’affaiblissement de la solidarité » envers son pays, demandant des discussions avec la Pologne. Il a déclaré que seule Moscou profitait de ces conflits et a dénoncé « l’émergence de slogans franchement pro-Poutine ».

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