L’intérêt pour le microbiote intestinal ne cesse de croître, comme en témoignent les quelque cinq mille recherches publiées à son sujet depuis le début de l’année sur PubMed. Ces travaux explorent le rôle essentiel des milliards de bactéries et de champignons présents dans nos intestins, qui sont non seulement indispensables à notre digestion, mais également fondamentaux pour notre système immunitaire. Plus encore, des études montrent que ces micro-organismes sont intimement liés à notre cerveau, au point qu’un déséquilibre dans notre flore intestinale pourrait provoquer des troubles psychiques, tels que la dépression.
Cependant, le rôle du microbiote intestinal pourrait ne pas se limiter à cela. Une étude menée sur des souris par un consortium de chercheurs de l’EMBL (Laboratoire européen de biologie moléculaire) basé à Heidelberg (Allemagne) et à Rome suggère que le microbiote intestinal peut intervenir dans le processus de reproduction. Cette étude, publiée le 1er avril dans la revue Nature, montre qu’une perturbation du microbiote intestinal de souris mâles a des répercussions sur la santé de leur progéniture.
C’est à dire que, de manière inattendue, les microbes de l’intestin d’une souris mâle peuvent affecter leurs souriceaux, même s’ils se développent dans l’utérus de la mère. Cette affirmation est clairement soutenue par l’étude. Les chercheurs ont administré des antibiotiques à des souris mâles, ce qui a considérablement réduit le nombre et la diversité des microbes dans leurs intestins. Ces souris mâles, qualifiées de « dysbiotiques », ont ensuite été couplées à des souris femelles avec un microbiote sain. Après vingt jours de gestation, les résultats ont été indéniables. Les souriceaux provenant de mâles dysbiotiques présentaient souvent des retards de développement et leur taux de mortalité dans les deux mois suivants la naissance était sensiblement plus élevé.
Cela illustre clairement « l’axe intestinal-lignée germinale ».
« L’étude principale de Jamie Hackett a révélé que les variations dans l’environnement paternel pendant la reproduction peuvent induire des effets nocifs sur la progéniture. L’équipe de recherche s’est concentrée sur le rôle du microbiote intestinal, car il sert d’écho véritable pour les perturbations environnementales. Que ce soit des ajustements dans le régime alimentaire ou l’exposition à divers facteurs, le résultat est continuellement une modification du microbiote intestinal. En perturbant cette dernière, ils ont réussi à saisir l’impact de plusieurs modifications environnementales.
Plus étonnant, cet effet est réversible. Dans certains scénarios, les chercheurs ont attendu plusieurs semaines pour permettre aux mâles de leur expérience de retrouver un microbiote intestinal sain, avant de les laisser se reproduire. Le constat était clair : aucune irrégularité n’a été identifiée chez la progéniture. Les souriceaux ne présentaient pas de retard de croissance ni un risque accru de décès dans leurs premiers mois.
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