Les experts de la pêche et les défenseurs de l’environnement ont accueilli favorablement, mardi 7 mai, l’annonce par le ministère de la pêche de la publication, la veille, d’un registre des bateaux autorisés à pêcher dans les eaux sénégalaises. Selon Aliou Ba, responsable de la campagne Océan pour Greenpeace Afrique, qui s’est exprimé auprès de l’AFP : « C’est une avancée significative en termes de transparence dans la gestion des ressources maritimes ». Environ 600 000 Sénégalais dépendent directement ou indirectement de la pêche, sur une population totale de près de 18 millions d’habitants, selon les chiffres des Nations Unies.
Depuis plusieurs années, les ONG font pression pour la publication d’un tel registre, la pêche sénégalaise subissant une surexploitation de ses ressources. Les licences attribuées aux armateurs industriels, en particulier européens et chinois, sont critiquées depuis longtemps. Le nouveau président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, s’est engagé à réaffirmer la souveraineté du pays et à réviser les accords de pêche.
Le registre publié lundi comprend 132 bateaux industriels sous pavillon sénégalais, 19 étrangers et plus de 17 400 pirogues artisanales. Cependant, différents intervenants du secteur ont critiqué le fait que de nombreux bateaux industriels répertoriés comme sénégalais sont en réalité contrôlés par des étrangers qui utilisent des prête-noms. « Nous saluons la publication de ce registre. Il est maintenant indispensable de procéder à un audit indépendant de la flotte sénégalaise », a plaidé Babacar Sarr, secrétaire général du Conseil national interprofessionnel de la pêche artisanale, auprès de l’AFP.
Près de 50 000 pêcheurs sénégalais, qui travaillent majoritairement sur de fines pirogues traditionnelles, sont aux prises avec la concurrence croissante des navires industriels étrangers au cours des dernières décennies. Ces navires disposent de filets considérablement plus larges et d’équipements automatisés. En arrière-plan de cette situation, les autorités ont rendu publique une liste, à un moment où le protocole actuel entre l’Union européenne et le Sénégal, en place depuis 2019, arrive à expiration en novembre. Avant l’instauration de nouvelles discussions, cette situation nécessitera une évaluation préliminaire de la part des représentants européens.
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