Réécriture: Deborah Levy, l’auteure de « Etat des lieux », est connue pour son amour de l’eau. Elle rêve souvent d’une demeure proche de la mer ou d’un lac, et nage aussi souvent que possible. Son œuvre « Hot Milk » (ou « lait chaud » en traduction) reflète cette obsession aquatique à travers son style d’écriture simple mais troublant. Les phrases courtes de Levy, son apparence de simplicité et sa clarté apparente sont comme l’eau : elles bouleversent en un instant, transmettant sous leur surface transparente des courants contradictoires et parfois violents. Son écriture a aussi cette particularité d’absorber les sons, de les adoucir, incitant le lecteur à tendre l’oreille et à affûter son attention. Ces caractéristiques sont en grande partie responsables de la fascination hypnotique du livre, qui a été merveilleusement traduit par Céline Leroy dans sa version française. Leroy, qui a également traduit la trilogie autobiographique de Levy – qui comprend « Ce que je ne veux pas savoir », « Le Coût de la vie » et « Etat des lieux » – a contribué à consacrer Levy (née en 1959) comme une écrivain respectée par ses pairs et aimée du grand public. La trilogie a également relancé le genre de l’autofiction.
Malgré son nom, « Hot Milk » comprend davantage d’eau que de lait. C’est à Almeria, en Espagne, où la mer est calme, que Sofia Papastergiadis, une Britannique, passe l’été 2015 avec sa mère, Rose. Elle la soutient dans sa lutte contre des douleurs intermittentes qui limitent généralement sa mobilité, faisant de Sofia, 25 ans, son servante désignée et la forçant à interrompre ses études en anthropologie. Pour payer les frais médicaux du Dr Gomez qui s’élèvent à 25 000 dollars, Rose, originaire du Yorkshire, a dû hypothéquer sa maison.
Durant ce séjour contraint, Sofia ignore les drapeaux d’avertissement de méduses et se fait piquer en nageant. En ce qui concerne les autres évènements, peu de choses se passent de manière spectaculaire : elle affirme être « anti-intrigue », ce qui est une tendance partagée par Deborah Levy. Sofia a des relations avec une femme allemande et un homme espagnol. Elle va à Athènes pour retrouver son père, qu’elle n’a pas vu depuis son enfance, et découvre qu’il s’est marié à une jeune femme et a eu un enfant. Sofia tente de suivre les instructions destinée à stimuler sa « témérité ». En tant qu’anthropologue, elle observe le monde avec une distance qui lui offre parfois une grande perspicacité et de l’humour, mais cela n’empêche pas les moments de confusion – même les anthropologues ont leur propre « système de croyances ».
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