Évidemment, je ne suis pas une beauté naturelle dès le matin. Je suis constamment critiquée pour mon apparence – on me dit que je suis trop mince, trop pâle. Pour respecter les standards estivaux de beauté, je dois recourir à l’autobronzant », voilà ce qu’expose la jeune Tiktokeuse française @Maelysse. ABY (515 followers). Elle utilise le défi TikTok populaire « Je suis…, bien évidemment que… » pour partager sa réalité personnelle par le biais de petits récits.
Cependant, cette tendance de la « mid girl » – la fille supposée être « moyenne », c’est-à-dire pas vraiment laide mais pas tout à fait belle –, qui a été adoptée par de nombreux jeunes de la génération Z, expose indirectement comment les standards de beauté deviennent de plus en plus exigeants et source de culpabilité. La première à avoir popularisé cette tendance sur TikTok est probablement @Lunaindaclub (75 000 followers). « Je sais que je suis une meuf mid car les seuls compliments que je reçois proviennent de ma famille », a-t-elle déclaré en mars, au milieu d’une série de déclarations affirmées dans une vidéo qui a reçu plus de 330 000 likes. De nombreux utilisateurs commentent en se demandant : si cette jolie fille est « moyenne », alors où se situe leur propre beauté ? En fin de compte, cette apparente déculpabilisation sert à dissimuler un puissant mécanisme de stimulation de complexes. Est-ce de la fausse modestie ou un véritable appel au secours ? On ne peut que spéculer. Néanmoins, se présenter comme une fille « mid » semble être une manière efficace de recueillir une multitude de compliments. C’est une quête effrénée de validation.
Même si TikTok prétend être le contraire d’Instagram, qui est connu pour montrer des images idéalisées de beauté raffinée, la réalité est tout à fait différente. Selon une enquête réalisée par The Intercept en 2020, l’algorithme de TikTok a tendance à censurer les publications des utilisateurs qu’il estime être « laids » ou « pauvres » afin d' »inspirer » de nouveaux utilisateurs. Cette censure se fait en partie grâce à la reconnaissance faciale biométrique, qui attribue un score de beauté. Par conséquent, sur cette plate-forme chinoise, l’aspect physique des utilisateurs est de plus en plus remarqué, renforcé par l’utilisation de filtres sophistiqués de plus en plus difficiles à déceler sur le visage et le corps, ainsi que des retouches rapides (par exemple, blanchir ses dents en trois secondes, lisser sa peau, etc.).
Cependant, cela conduit malheureusement à une augmentation de la « dysmorphie digitale » , c’est-à-dire à un impact négatif sur le plan psychologique et émotionnel causé par les technologies, qui peut altérer la façon dont une personne perçoit son propre corps. Le problème avec la « mid girl » est qu’elle finit par se transformer en objet en se référant à des normes de beauté subjectives, qui changent cycliquement et varient en fonction des pays. Par conséquent, elles sont, dans une certaine mesure, inaccessibles. En conséquence, elle se lance dans une quête désespérée (et vouée à l’échec) pour obtenir la validation, souvent masculine. Ses qualités humaines sont oubliées au profit de son statut d’objet de contemplation, qui se dévalorise pour mieux être réévaluée. Le vrai problème est que la « mid girl » passe probablement trop de temps sur TikTok. Lire la suite de cet article nécessite un abonnement.
Laisser un commentaire