Lors de la récente visite du président Xi Jinping en France, la première en cinq ans, les discussions ont été largement dominées par des questions économiques et géopolitiques, masquant l’un des points clés du programme : les échanges humains et culturels, y compris au niveau académique. Cette composante est primordiale car elle est aussi le théâtre de l’influence chinoise.
Comme l’a souligné Marc Julienne, chercheur et directeur du centre Asie de l’Institut français des relations internationales, ces échanges académiques « sont impératifs pour permettre à nos sociétés de tisser des relations en dehors et au-delà des interactions officielles ». Cependant, ces échanges deviennent de plus en plus limités en termes de contribution à la progression de la connaissance et de la pensée, malgré la renaissance de la diplomatie universitaire chinoise après trois années d’interruption dus à la pandémie de Covid.
Position idéologique « faussée »
Bien qu’en France, comme dans le reste de l’Europe, les étudiants et universitaires chinois bénéficient d’un espace de liberté garanti par la loi, les universités en Chine sont fermement contrôlées par le Parti communiste chinois (PCC). Ces universités sont organisées en différentes strates administratives (présidency, facultés, centres de recherche et départements) qui sont toutes placées sous l’autorité d’un secrétaire du parti, une figure d’autorité indéniable et incontestée.
La principale responsabilité de ces secrétaires est de veiller à ce que tout ce qui est enseigné et publié est en conformité avec l’idéologie du parti et s’éloigne résolument des notions théoriques et conceptuelles dites « occidentales ».
Le « Document n° 9 » du comité central a décelé sept idées considérées comme « fausses » en 2013 et a décrété qu’elles ne devraient pas faire l’objet de débats publics ou dans les établissements scolaires. Ces sujets sont la théorie du gouvernement constitutionnel, les valeurs universelles, la société civile, le néolibéralisme économique, le journalisme « occidental », le « nihilisme historique » (soit toute interprétation de l’histoire qui diffère de celle du parti) et le questionnement du socialisme à la chinoise. La suite a vu une offensive idéologique dans les établissements éducatifs visant à éliminer les livres didactiques étrangers. Depuis lors, cette orientation s’est renforcée. Plusieurs sujets d’étude et concepts ont été interdits en pratique selon certaines lois; certaines matières historiques ont même été criminalisées suite à une modification du code pénal. Les systèmes de surveillance sont omniprésents. Il reste 65.91% de cet article à lire, accessible seulement aux abonnés.
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