L’annonce du Premier ministre Gabriel Attal le lundi 6 mai a fait état d’une augmentation préoccupante de 300 % de l’antisémitisme en France au cours du premier trimestre 2024, avec 366 incidents enregistrés. S’exprimant lors du dîner annuel du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) à Paris, M. Attal a réitéré que personne ne peut nier cette vague antisémite, soulignant que bien que les Juifs français ne constituent que 1% de la population, plus de 60% des crimes anti-religieux sont antisémites.
M. Attal a vigoureusement condamné l’antisémitisme, assurant à l’auditoire que chaque incident serait puni et que les antisémites ne devraient pas être en paix. La position ferme de M. Attal contre l’antisémitisme a également été soulignée par sa promesse de « faire preuve d’une fermeté exemplaire ».
Le chef du gouvernement s’est dit alarmé par le manque de données précises sur le nombre d’incidents fondés sur la religion et les sanctions infligées aux auteurs. M. Attal a déclaré avoir chargé le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, de mettre en place un mécanisme de recensement de ces incidents et de leurs sanctions.
M. Attal a critiqué Mélenchon pour avoir « entretenu les haines ». Il a également fait état de ses inquiétudes concernant l’islamisme, qu’il a qualifié de « menace sérieuse pour notre république et l’une des formes les plus dangereuses et destructrices de l’antisémitisme », et a promis de s’attaquer de front à l’islamisme et au séparatisme.
Le Premier ministre a vivement critiqué le parti politique La France Insoumise et son leader, Jean-Luc Mélenchon, les accusant de propager de la haine et d’indignes insinuations. Il a exprimé sa honte à l’écoute de certains commentaires émanant de ce parti, qui parle du Hamas comme d’un mouvement de résistance. Il a également pointé du doigt le cynisme complet du Rassemblement National, qui prétend soutenir les Juifs français par opposition à une attitude anti-musulmane.
Face à une recrudescence inquiétante de l’antisémitisme qui préoccupe fortement la communauté juive, le gouvernement a initié lundi des assises pour combattre ce phénomène. Ces assises, menées par la ministre déléguée à la lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, réunissaient à Paris plusieurs responsables d’associations et représentants des six principaux cultes pour discuter de ce sujet délicat.
Depuis une attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, l’antisémitisme a fortement augmenté, selon la ministre. Les actes haineux, intensifiés par les extrêmes, sont omniprésents sur les réseaux sociaux, dans les rues, les écoles et les universités. Selon Yonathan Arfi, président du CRIF, ces assises sont une nécessité pour inciter la société civile à agir.
En 2023, le nombre d’actes antisémites recensés en France a presque été multiplié par quatre comparativement à 2022, passant de 436 à 1 676, d’après les données du ministère de l’intérieur.
D’après une étude menée par l’IFOP pour le compte de l’American Jewish Committee en France, et publiée dimanche dernier dans Le Parisien, il apparaît que 94% des juifs français pensent que l’antisémitisme a augmenté ces dix dernières années (+ 21 points par rapport à 2022). De plus, cette étude révèle également que 35% des jeunes âgés de 18 à 24 ans estiment qu’il est acceptable de cibler les juifs en raison de leur soutien à Israël.