La première fois que j’étais prête à embrasser la maternité, j’avais 20 ans. Après quatre ans de romance avec Cédric, nous avions tous les deux le désir de créer notre propre tribu avant d’avoir 30 ans. Les épreuves de la vie nous ont imposé une maturité précoce. À cet instant, j’avais perdu ma mère, ce qui a suscité en moi un désir de construire ma propre unité familiale.
Malheureusement, pendant un an, nos efforts pour concevoir ont été infructueux. Je souffre du syndrome des ovaires polykystiques qui réduit considérablement ma fertilité. Notre relation a été mise à rude épreuve jusqu’à ce que nous décidions de nous séparer. Rétrospectivement, je ne ressens pas de regret : j’étais en proie à une dépression et j’étais simultanément trop jeune et trop vulnérable pour être la mère disponible et apaisée que je voulais être.
Après notre rupture, j’ai embrassé une vie d’étudiante typique : lectures de droit le jour, divertissements nocturnes, rencontres diverses. Mais aucun de ces garçons ne semblait être le futur père de mes enfants, même si je n’avais plus mis le sujet de maternité sur le plateau à ce point. Deux ans ont passé jusqu’au confinement de mars 2020. C’est alors que j’ai réalisé combien Cédric me manquait et que c’était lui avec qui je voulais construire un avenir.
« Phase de Panique »
Nous avons recommencé notre récit. Soudain, le désir de devenir mère a ressurgi. À cette époque, j’étais âgée de 24 ans et venais d’obtenir mon master 1. J’allais débuter ma préparation pour les concours de l’École nationale de magistrature (ENM) l’année suivante. Cédric et moi, nous nous sommes donc résolus à essayer de constituer à nouveau une famille, convaincus que cela pourrait prendre des mois, voire des années. Deux mois après, j’étais enceinte.
L’annonce de la grossesse nous a inondés de bonheur, mais nous a également plongés dans un état de panique. Nous venions tout juste de nous réconcilier. Cédric vivait en Normandie où il avait un emploi, tandis que moi j’étais à Paris. Si je décidais de le rejoindre, cela signifierait laisser mes amis et ma liberté en arrière. J’étais terrifiée à l’idée d’abandonner mes études et mon rêve de devenir magistrate. Nous avons eu la bravoure d’interroger notre certitude à vouloir cet enfant, mais au plus profond de nous, nous pleurions de désir.
J’ai fini par retrouver Cédric en Normandie et j’ai débuté ma formation à l’ENM à distance. C’était très éprouvant. J’avais bien informé mes professeurs que ma condition me forcerait parfois à être absente, mais j’ai très vite remarqué qu’il n’y aurait aucune considération pour moi. J’ai été très malade au début de ma grossesse, j’avais besoin de boire et de manger fréquemment pour rester hydratée : certains enseignants me reprochaient cela, arguant que ce n’était pas convenable pendant les cours. C’était une période éprouvante, je me sentais délaissée, d’autant plus qu’avec les confinements, je n’avais pas pu me lier d’amitié dans ma nouvelle ville.
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