Certaines personnes appellent ça des « vacances ». Chez nous, on se réfère à cela comme les « longs week-ends ». Ceux qui préfèrent ces longs week-ends expliquent souvent leur indisponibilité entre le 26 avril et le 13 mai en déclarant : « Je fais un long week-end. » Similaire à une éclipse solaire ou au transit de la comète Halley, la réalisation d’un long week-end nécessite la conjonction de plusieurs facteurs : une économie de services, un mois de mai où les jours fériés ne coïncident pas avec un week-end et une acceptation sociétale du travail à distance.
Comment les identifier ?
Les adeptes du long week-end ont élaboré leur plan dès janvier et ont acheté leurs tickets en février. À partir de la mi-avril, si on leur demande quelque chose sur un nouveau projet, leur réponse est souvent : « Nous discuterons de cela en septembre. » Ils permettent à leurs enfants de manquer l’école en justifiant : « Je n’ai pas remarqué qu’ils avaient des cours le mardi. »
Ces individus se sont persuadés qu’ils n’avaient pas d’autre choix, arguant que de toute façon tout le monde serait absent et qu’ils ne font que s’adapter. Ils ont annulé tout événement indésirable de leur agenda pour les deux prochains mois en prétextant : « Avec les longs week-ends, ça ne sera pas commode. » Ils se plaignent d’être trop occupés « avec trois choses à faire chaque soir en ce moment », à cause de tous les événements qui ne peuvent se dérouler pendant ces longs week-ends et les vacances. Ils tiennent autant à la Pentecôte et à l’Ascension qu’à la laïcité.
Lorsqu’ils annoncent, « Je travaillerai à distance, mais je ne serai pas disponible », cela signifie souvent qu’ils seront en déplacement sur un TGV. Persuadés que tout est en pause, ils s’interrogent avec étonnement sur l’ouverture des supermarchés et restent stupéfaits de les trouver opérationnels chaque année. Ils ont l’impression d’apporter leur aide au service des ressources humaines de leur entreprise, lorsqu’ils disent « Avec les RTT et les congés à prendre, je n’avais pas vraiment le choix… » Dans leur message d’absence professionnelle par courrier électronique, ils indiquent qu’ils seront « de retour » à une certaine date, mais n’expliquent pas quand ils se sont absentés. Même pour un départ de dix jours, ils préfèrent utiliser l’expression « long week-end » plutôt que « vacances ».
Voici comment ils s’expriment :
« Mai est le nouveau juillet. », « Paris sera désertique ! Inutile d’y rester. », « En mai, fais tout ce que tu veux, et cette fois, vraiment ! » « Finalement, en cumulant tous les jours, je vais travailler deux semaines jusqu’aux vacances. », « On se revoit le 21 mai ? », « Le mois de mai, c’est de la stratégie, il faut être le premier à bouger. », « Il y a du Wi-Fi là-bas, je pourrai travailler. », « Ne t’inquiète pas, l’école sera vide. », « Impossible, j’ai déjà réservé les billets. », « On peut ajouter du travail à distance, c’est parfait. », « Je ne m’attendais pas non plus à avoir des rendez-vous le 10 mai. », « J’hésite à prendre des congés, mais je vais plutôt opter pour du télétravail. », « C’est comme si j’étais à l’aube de la retraite sans m’en rendre compte, ou personne ne souhaite travailler ? », « C’est un exercice pour la suspension totale des JO. », « Je vais prendre une semaine à Noël. »
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