« Plein ciel », une œuvre de Cécile Wajsbrot publiée par Le Bruit du temps, est en vente pour 19 € et contient 174 pages. Il est possible que l’inspiration de ce livre provienne de la séquence de poèmes de Victor Hugo dans La Légende des siècles, où « Pleine mer » est suivi de « Plein ciel », avec le dernier poème terminant par une incitation à embrasser les perspectives offertes par le ciel : « Regardez là-haut ». Cette idée est suggérée par Wajsbrot dans « Plein ciel », qui a été publié deux ans après l’achèvement de sa précédente série romanesque intitulée… Haute mer (Le Bruit du temps, 2022).
Néanmoins, la genèse de « Plein ciel » est enracinée dans une expérience plus ancienne et plus personnelle qui a eu un impact profond sur l’auteure lorsqu’elle était enfant : la perte tragique d’une amie de ses parents lors du crash du vol AF 406 Brazzaville-Paris le 10 mai 1961, dans le désert algérien. Wajsbrot, s’exprimant au « Monde des livres », explique que la disparue était une hôtesse de l’air qu’elle aimait beaucoup et qui incarnait pour elle le voyage et l’aventure. Sa disparition soudaine l’avait perturbée, car elle ne pouvait pas comprendre ce qui s’était opéré, ou peut-être qu’elle avait trop compris. Quoi qu’il en soit, « Plein ciel » est son effort pour relater ce processus d’enquête sur la vérité, entrelacé avec ses propres souvenirs et les lacunes inhérentes à la mémoire.
« S’appuyant sur une expérience réelle et profondément traumatisante, « Tout est vrai », affirme avec ruse l’auteure, Plein ciel n’est pas seulement une simple narration autobiographique ou une étude documentaire rigoureuse, même si l’ouvrage est basé sur d’amples recherches sur ce crash dont les causes précises restent inconnues. Le livre est donc conçu avec un mélange original de textes et de poésie, unissant un chœur antique à un réseau dense de références – musicales, littéraires, cinématographiques… – tout en maintenant le cours d’une histoire pleine de mystère et de suspense. « Cette histoire a souvent ressurgi, dit l’autrice. J’ai eu l’idée de chercher un journal de cette période, lors d’une foire aux livres il y a une trentaine d’années, et j’ai trouvé un exemplaire de Paris Match… Je ne suis pas sûre de ce que j’en ai fait, je voulais le relire pendant que j’écrivais Plein ciel, mais je n’ai pas réussi à le retrouver ! C’est là que j’ai découvert qu’il s’agissait probablement d’un attentat et non d’un incident technique, comme je l’avais toujours cru. »
« Je suis dédiée au roman, à la fiction », ajoute-t-elle. »
Cécile Wajsbrot a certes eu un échange de correspondances avec la soeur de la disparue, mais cela ne s’est pas réellement conclu par une rencontre… On peut toutefois souligner l’importance de son éditeur, Antoine Jaccottet, qui a fondé la maison d’édition Le Bruit du Temps, et qui semble avoir le désir de soutenir son oeuvre sous toutes ses formes. Il a par exemple souhaité publier un recueil d’essais intitulé « Le Jour d’après », en simultané avec « Plein ciel », en mettant l’accent sur l’harmonie générale du travail de la romancière. Bien que cette dernière ne lui présente son manuscrit que lorsqu’elle estime qu’il est terminé, on peut percevoir une certaine complicité entre eux, qui a probablement contribué à la réalisation du projet : « J’ai commencé les recherches lorsque j’ai réalisé que ce que je voulais écrire, ce n’était pas cette histoire, mais de ce qui gravite autour ».
Il reste encore 59,82% de cet article à consulter. La suite est accessible uniquement aux abonnés.