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« Mobilisation propalestinienne: Risque d’incendie sans dialogue »

Le 3 mai, le campus de Sciences Po à Paris a encore une fois dû être évacué. Bertrand Badie, politologue et expert en relations internationales qui y a enseigné pendant plus d’un demi-siècle, estime que la tactique répressive n’est pas appropriée. Il soutient qu’il est important de respecter le désir des étudiants de s’allier à diverses causes internationales, même si elles sont lointaines, et de considérer leurs actions comme un «engagement», au lieu de les cataloguer d’emblée comme «extrémistes» ou «radicaux».

Le 30 avril, Badie a participé à un débat intitulé «Gaza et notre monde» à Sciences Po, auquel les étudiants du comité pour la Palestine ont assisté. Il admet que bien qu’il y soit entré avec une certaine appréhension, il a été agréablement surpris par les échanges. Les étudiants étaient très impliqués et calmes, sans aucune banderole ni manifestation destinée à perturber les présentations.

Il a souligné que la nature des conflits internationaux avait radicalement changé. Les confrontations contemporaines souvent impliquent un État contre des acteurs non étatiques, ce qui défie l’interprétation traditionnelle de la guerre. Il a aussi remarqué que ces conflits présentaient des caractéristiques de domination et d’humiliation, similaires à celles observées lors des processus de décolonisation. Ces conflits impliquent des acteurs non institutionnalisés – comme c’est le cas des organisations palestiniennes – qui se laissent aller à diverses formes de violence terroriste.

J’ai établi une comparaison avec la guerre d’Algérie : les massacres qui ont eu lieu à Philippeville (aujourd’hui Skikda) en 1955 étaient tout aussi horribles que ceux qui ont eu lieu à Sdérot le 7 octobre [2023, lors de l’offensive du Hamas contre Israël]. Par la suite, une répression brutale et indiscriminée a suivi, qui a non seulement échoué à éliminer le FLN, mais l’a même renforcé.
Les nations ont du mal à s’adapter à ces nouveaux types de guerres : la relève est souvent prise par des mouvements sociaux comme ceux que nous voyons actuellement sur les campus universitaires. Le cas de Sciences Po n’est pas une exception, il marque une prise de contrôle sociétale des problèmes internationaux qui a désormais un réel potentiel d’influencer l’évolution des politiques étrangères des pays, comme l’a démontré l’expérience américaine avec le Vietnam et comme on peut le voir encore aujourd’hui avec les difficultés rencontrées par Biden…
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