Aurore Bergé, la ministre française en charge de l’égalité des sexes, a révélé sa stratégie nationale pour combattre la prostitution, le jeudi 2 mai, dans l’intérêt particulier de se concentrer sur ses nouvelles formes. Au cours de son annonce, Bergé a mentionné l’augmentation des médias sociaux et des réservations de logements en ligne en relation avec la prostitution. Elle a également débattu de la question de l’exploitation sexuelle des mineurs, qui sont « extrêmement vulnérables dans ce contexte » et nécessitent un renforcement de mesures ciblées et spécifiques. Cette stratégie est lancée huit ans après la promulgation de la législation de 2016 qui a remplacé l’infraction de sollicitation par la criminalisation des clients. Ces derniers risquent dorénavant une amende de 1 500 euros, qui peut s’élever à 3 750 euros en cas de récidive. Cependant, de nombreux intervenants signalent l’insuffisance du soutien apporté aux personnes qui souhaitent quitter la vie de la prostitution, ainsi que les inégalités régionales en ce qui concerne la condamnation des clients. Pour tenter de remédier à ces problèmes, la stratégie de lutte propose une implication plus importante des commissions départementales consacrées à cette question, ainsi qu’une intensification des actions contre les « soi-disant salons de massage qui abritent la prostitution ». Dans une entrevue publiée jeudi par La Croix, Bergé a souligné qu’elle a collaboré avec plusieurs ministères – intérieur, justice, enfance et santé – en soulignant que leurs cibles ne sont pas les travailleurs du sexe, mais plutôt les proxénètes et les clients qui perpétuent la traite des êtres humains.
Selon la ministre, le plan inclue une formation systématique pour les forces de sécurité sur les techniques de détection, d’identification et d’arrestation, mais aussi une meilleure prise en charge des femmes qui ont été contraintes à la prostitution et qui doivent être reconnues comme des victimes de violences. De plus, les autorités prévoient une campagne de sensibilisation pendant les Jeux olympiques.
En raison de la non-application des sanctions définies par la loi de 2016, le gouvernement promet de revoir leur mode d’application, en tenant en particulier compte de la prostitution qui se déroule en privé, jusqu’à présent négligée par les dispositifs existants.
Sur la question des mineurs impliqués dans la prostitution – un chiffre qui a doublé ces dernières années pour représenter 30% des 40 000 personnes prostituées en France – un réseau national d’accueil sera créé pour améliorer leur accompagnement. En ce qui concerne la prostitution sur Internet, une unité de cyber enquête sera chargée de repérer les cas d’exploitation sexuelle, de supprimer les comptes impliqués, de démanteler les réseaux de trafic et de recueillir les preuves nécessaires pour poursuivre les proxénètes.
Par ailleurs, une campagne de sensibilisation sera lancée à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques de Paris cet été, période durant laquelle les autorités anticipent une augmentation de la demande pour les services des prostituées.