L’ancienne loi de 1864 qui interdisait en grande partie l’avortement en Arizona a enfin été supprimée. Malgré trois tentatives, les législateurs républicains ont finalement dû renoncer à leur intention d’imposer aux femmes une loi restrictive datant de l’époque où Abraham Lincoln était président. Katie Hobbs, la gouverneure démocrate, a signé cette abolition le 2 mai.
Le 1er mai, deux sénateurs républicains ont bravé le parti et voté aux côtés des démocrates pour annuler cette loi. Trois autres républicains avaient fait un choix similaire la semaine précédente. Ces renégats ont fait face à la colère d’Anthony Kern, un des radicaux principaux de l’Arizona, qui fait toujours partie du Sénat même s’il est impliqué dans le complot de 2020 visant à attribuer à Trump le collège électoral remporté par Biden lors de l’élection présidentielle. Kern a fait l’analogie entre l’avortement et les méthodes nazies, et a supplié une intervention divine, déclarant que « Notre seul espoir, c’est Jésus ».
La loi est revenue sur le devant de la scène le 9 avril : la Cour suprême de l’état a déclaré que la loi était encore applicable car elle n’avait jamais été officiellement abrogée, en dépit de l’adoption d’une nouvelle loi fixant à 15 semaines le délai pour une IVG, sans exception pour viol ou inceste. Un autre exemple de la confusion qui règne aux États-Unis depuis que la Cour suprême a laissé le droit à l’avortement à la discrétion des États en juin 2022.
L’historienne Heather Cox Richardson a raconté dans son blog l’histoire du texte de 1864, alors que l’Arizona n’était qu’un territoire. Pour tenter de civiliser ce paysage, un groupe de 27 hommes s’est réuni à Prescott, une localité nordique de cet État, en septembre 1864. Leur premier devoir était d’accepter le code pénal rédigé par un seul homme, le juge William T. Howell. Leur seconde tâche était de permettre à l’un d’entre eux de se séparer de sa femme. Ensuite, ils ont donné le feu vert aux entreprises minières et ferroviaires pour prospérer.
Le soutien de la Californie
Le code Howell avait pour objectif principal de réduire les différends parmi la population de hors-la-loi, dans un contexte où la guerre civile n’avait pas encore pris fin dans l’Union. L’avortement est seulement mentionné en lien avec l’interdiction pour une personne d’en empoisonner une autre; toute personne utilisant du poison ou des outils « dans le but de provoquer un avortement chez une femme enceinte » sera passible d’une peine de prison de deux à cinq ans, selon le texte. De plus, le code stipule que le témoignage des personnes noires n’est pas valide devant le tribunal et fixe l’âge du consentement pour les relations sexuelles à 10 ans. Et c’est ce texte que les conservateurs de l’Arizona révèrent, comme l’indique l’historienne sur son blog.
Il reste encore 57,72% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.