Dans le silence, des dizaines d’Israéliens se regroupent devant la clôture de la base militaire de Sde Teiman, située au milieu du désert du Néguev, sous le soleil cuisant d’avril. Ils déploient des banderoles sombres qui décrivent Sde Teiman comme un « camp de torture », écrit en anglais et en arabe. Les baraquements à l’arrière sont remplis de centaines de Palestiniens arrêtés par l’armée à Gaza. Depuis le 7 octobre 2023, une » vague de violences particulièrement tragiques, animée par la vengeance, s’est intensifiée contre les Palestiniens ». Oneg Ben Dror, l’une des organisatrices de la manifestation, offre ces révélations avec gravité, ses mains tremblantes et sa voix étranglée par l’émotion.
Après environ dix minutes, le rassemblement pacifique se termine. Quelques jours plus tôt, le 18 avril, une pétition demandant la fermeture de Sde Teiman a été publiée par Physicians for Human Rights Israel (PHRI), l’ONG où travaille également Mme Ben Dror. Cette pétition, signée par plus de 1 000 médecins israéliens et internationaux, souligne que « la participation du personnel médical dans un lieu où les conditions de vie sont assimilées à de la torture est interdite ». D’après deux sources familières avec les conditions de détention, une quarantaine de Palestiniens de Gaza ont succombé alors qu’ils étaient entre les mains de l’armée israélienne.
La dernière a admis des décès, y compris ceux de prisonniers « souffrant de maladies préexistantes ou blessés lors de conflits », sans préciser leur nombre exact. Elle a déclaré que des enquêtes sont en cours pour chaque incidents, mais ces enquêtes ne sont pas encore terminées. Le ministère de la santé d’Israël, contacté par PHRI, a indiqué fin mars qu’une seule autopsie a été effectuée depuis le 7 octobre, ce qui suggère que la grande majorité des décès n’ont pas fait l’objet d’un examen post-mortem.
Israël ne divulgue pas le nombre de détenus de Gaza détenus par l’armée, à Sde Teiman ou ailleurs. Les Palestiniens ignorent généralement pourquoi ils ont été arrêtés ; ils n’ont pas accès à un juge ou à un avocat. Les seuls prisonniers de Gaza recensés sont ceux dans les prisons israéliennes : 865 sont détenus en tant que « combattants illégaux ». Leurs noms ne sont pas rendus publics. Les familles de Gaza « demandent une chose très simple : leurs proches sont-ils toujours en vie? Depuis six mois, nous ne pouvons pas répondre à cette question, explique Naji Abbas, qui est en charge de ce dossier à PHRI. Il s’agit de disparitions forcées. »
Laisser un commentaire