Cette nouvelle théorie pourrait compléter une analyse de trente ans sur l’origine des cancers. Traditionnellement, on pensait que les cancers se développaient à partir de l’accumulation de mutations dans l’ADN qui provoquaient le dysfonctionnement de certains gènes essentiels, entraînant ainsi la prolifération de cellules anormales pour former une tumeur. Cependant, cette théorie ne s’appliquait pas à tous les cas de cancer. Selon Giacomo Cavalli, directeur de recherche du CNRS à l’Institut de génétique humaine de Montpellier, » il y a eu quelques cas où nous n’avons pas identifié de mutations ».
Alors, comment le cancer pourrait-il se développer sans mutation de l’ADN ? L’épigénétique pourrait être la réponse. L’épigénétique est la science qui étudie comment une séquence d’ADN peut s’exprimer ou non en fonction de divers facteurs. Cette branche de la génétique aide à comprendre pourquoi l’organisme humain possède tant de types de cellules distincts (comme les neurones et les cellules musculaires) bien qu’elles aient toutes le même génome.
Des études précédentes avaient déjà mis en évidence l’importance de l’épigénétique dans le développement des cancers. Toutefois, ces dérégulations épigénétiques étaient toujours une conséquence de mutations génétiques, qui contribuaient ensuite à la prolifération de cellules cancéreuses, selon Giacomo Cavalli. Ce dernier s’est donc fixé comme objectif de démontrer qu’il était possible de provoquer un cancer simplement en perturbant temporairement certains gènes. Pour ce faire, il a mené des expériences sur les mouches du vinaigre.
Il a été prouvé qu’il est possible de développer un cancer sans mutation d’ADN, comme l’indique un résumé contemporain. Les résultats marquants de cette recherche ont été publiés dans la revue britannique Nature, le mercredi 24 avril.
Comment ces chercheurs ont-ils réussi cet exploit ? Ils ont employé une technologie biomoléculaire pour désactiver le gène Polycomb pendant une période de 24 heures. Ce gène est connu pour sa fonction préventive contre le cancer, en particulier en inhibant la prolifération cellulaire. Une fois le gène réactivé et revenu à sa normale après les 24 heures, le mal était déjà fait. La cellule avait dévié de son chemin, se multipliant de façon anormale et formant un agrégat de cellules, donnant naissance à une tumeur.
Cette tumeur s’est formée dans l’œil de la drosophile, un type de mouche à fruit. En effet, ces chercheurs ont réalisé leurs expériences sur ces mouches, couramment utilisées dans les recherches sur le cancer. Malgré les grandes différences entre ces mouches et les humains, elles partagent de nombreux gènes essentiels dans le développement du cancer. De surcroît, ces mouches sont pratiques à utiliser et économiques à entretenir, ce qui en fait un organisme modèle populaire pour l’étude du cancer.
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