La première économie d’Asie du Sud-Est, l’Indonésie, a mis en œuvre de nombreux logiciels d’espionnage provenant d’Israël, de l’Union européenne et de la Malaisie, ce qui a suscité des préoccupations concernant la protection de la vie privée et la liberté d’expression, selon un rapport publié par Amnesty International le jeudi 2 mai. Le rapport de l’organisation non gouvernementale (ONG) a révélé que l’Indonésie a utilisé une gamme d’outils de surveillance et de logiciels d’espionnage intrusifs pour cibler les opposants, les médias et les militants entre 2017 et 2023. Cette enquête a été réalisée avec la participation de médias de l’Asie, d’Israël et de l’Occident.
Les outils ont été obtenus auprès d’un réseau de courtiers, de revendeurs et de fournisseurs établis au Luxembourg, en Israël, en Malaisie et à Singapour, d’après les informations de Amnesty. Ces outils ont été exploités par diverses entreprises et agences gouvernementales, y compris la police nationale et l’Agence nationale de lutte contre la cybercriminalité et la cryptocriminalité (BSSN). Ces agences ont acquis du matériel de surveillance commercialisé par des entités telles que FinFisher, Candiru, NSO Group (l’éditeur du logiciel espion Pegasus) et la société Wintego. Pour parvenir à ces conclusions, Amnesty et ses collaborateurs ont analysé les registres d’expédition et les déclarations d’importation, ainsi que les serveurs servant à diffuser des liens malveillants. Ces outils ont servi à intimider.
Dans une déclaration, Carolina Rocha da Silva du laboratoire de sécurité d’Amnesty a souligné la gravité du commerce clandestin de logiciels espions en direction de l’Indonésie, décrivant la situation comme potentiellement intimidante et dangereuse. Malgré les requêtes de l’Agence France-Presse, aucune réaction n’a été reçue de la part du ministère indonésien de la communication et de l’information, de la police nationale ou du BSSN.
Le journal Haaretz, s’appuyant sur des sources israéliennes sécuritaires, rapporte que Candiru et NSO Group n’ont plus d’accords actifs avec l’Indonésie. Les deux firmes israéliennes ont reçu des sanctions en 2021 de la part des Etats-Unis pour leur implication dans des violations des droits de l’homme.
NSO Group, une entreprise israélienne, a assuré à Amnesty mener les vérifications requises avant de donner le feu vert à des ventes. De la même manière, l’Agence israélienne de contrôle des exportations de défense a affirmé qu’elle autorisait uniquement les cyberexportations à des gouvernements dans le but de combattre le terrorisme et de maintenir l’ordre. Il est important de signaler que l’Indonésie et Israël n’ont pas de liaisons diplomatiques officielles et que la question palestinienne jouit d’un support significatif dans l’archipel indonésien à majorité musulmane.
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