Cette fois, les remarques d’Emmanuel Macron n’ont pas déclenché de controverses internationales, mais ont plutôt soulevé un certain nombre de questions concernant ses plans. Une semaine après son discours à la Sorbonne, prononcé le 25 avril, les alliés de la France sont toujours confus sur ses véritables intentions, particulièrement lorsqu’il a affirmé que la dissuasion nucléaire française était un élément crucial pour la défense de l’Europe.
Sur des problèmes aussi sensibles, spécialement pendant le conflit ukrainien, il est rare qu’un président s’exprime de manière spontanée. C’est pourquoi, deux jours après son discours, Emmanuel Macron a tenu à clarifier ses opinions lors d’une conversation avec une douzaine de jeunes à Strasbourg, une interview publiée par Ebra, un groupe de presse régional.
Interrogé sur la possibilité que la France souhaite « européaniser » sa capacité de dissuasion nucléaire lors de cette discussion, Macron a répondu qu’il était « prêt à débattre de ce sujet », ajoutant que ce débat doit « inclure la défense antimissile, les tirs d’armes à longue portée » et « l’arme nucléaire pour ceux qui l’ont ou qui ont l’arme nucléaire américaine sur leur territoire ». « Mettre tous les sujets sur la table et voir ce qui nous protège vraiment de manière crédible », a-t-il déclaré.
Ces propos mystérieux ont cependant suscité instantanément des réactions passionnées de la part des partis d’oppositions en France. François-Xavier Bellamy, le candidat Les Républicains aux élections européennes de juin, s’est élevé contre ces déclarations, affirmant qu’un président français ne devrait pas tenir de tels propos. Selon lui, c’est d’une « gravité exceptionnelle car cela touche au cœur même de la souveraineté française », a-t-il ajouté lors de « Le Grand Rendez-Vous Europe1/CNews/Les Echos ».
Les déclarations du président ambitionnent divers objectifs, selon les experts. L’intention initiale est de nature électorale. Comme le souligne Héloïse Fayet, chercheuse à l’Institut français des relations internationales (IFRI) et experte en matière de dissuasion, c’est maintenant qu’il faut stimuler un sujet qui peine à se faire connaître dans une équipe présidentielle. Toutefois, c’est aussi un effort admirable d’animer un débat au-delà des cercles habituels, car cette perspective européenne de la dissuasion française est un sujet qui refait surface régulièrement depuis les années 70, explique-t-elle. Notamment, M. Macron est le président qui a le plus insisté sur ce sujet.
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