L’exploration de l’esprit des frères Lebrun, Simon Gauzy, Jia Nan Yuan, Prithika Pavade, Charlotte et Camille Lutz, ou en d’autres termes, de l’élite du tennis de table français, offre des perspectives passionnantes. Bien que ces joueurs n’aient pas encore subi d’IRM du cerveau ou d’électroencéphalogramme, l’intérêt scientifique pour l’esprit des joueurs de ping-pong de haut niveau ne cesse de croître. Leurs impressionnantes aptitudes en termes d’attention, d’anticipation, de coordination et de réactions visuo-motrices sont au coeur de cette curiosité.
Dans tous les sports, les capacités cérébrales sont un élément clé de la performance. Cependant, elles semblent être particulièrement cruciales dans le ping-pong moderne. Bien que la vitesse de la balle de ping-pong (capable d’atteindre jusqu’à 200 km/h) soit loin de celle du volant de badminton (qui détient le record à 565 km/h), la proximité entre les joueurs leur impose d’avoir de très brèves périodes de réaction, souvent inférieures à 200 millisecondes.
En Chine, foyer des meilleurs joueurs de ping-pong du monde, les scientifiques utilisent depuis des années les techniques de neuro-imagerie pour comprendre les secrets de leurs champions. En mars, deux recherches sur ce sujet ont été publiées. Dans la première, publiée dans la revue Brain Research, les chercheurs ont utilisé une IRM à haut champ (7 teslas) pour étudier les caractéristiques anatomiques et fonctionnelles du cerveau de vingt joueurs de ping-pong de niveau national. Ces joueurs d’élite ont montré une meilleure connectivité entre les régions du cerveau, se manifestant notamment par une organisation de la substance blanche plus structurée, y compris des fibres nerveuses responsables de fonctions motrices et cognitives comme l’attention.
Dans le domaine des neurosciences, certains chercheurs en Chine offrent des insights sur les mécanismes prédictifs. Ils ont examiné le cerveau des participants par IRM lorsqu’ils prévoyaient la trajectoire d’une balle dans une vidéo et ont pu différencier les experts des novices avec une précision de 90%. Cela est dû à des variations dans plusieurs zones cérébrales telles que le cortex moteur et le cortex préfrontal.
Selon Charles Mellerio, un neuroradiologue du GHU Paris psychiatrie et neurosciences, ces différences sont également perceptibles dans d’autres études publiées récemment. Il souligne que l’entraînement rigoureux au tennis de table provoque des changements dans le cerveau, améliorant le traitement de l’information. Ces changements se manifestent sous la forme d’une meilleure performance visuo-spatiale et de certaines fonctions cognitives, y compris l’attention et les fonctions exécutives qui interviennent dans la prise de décisions rapides.
Le spécialiste souligne que cette corrélation entre la plasticité cérébrale et l’entraînement intensif est similaire à celle observée chez les musiciens professionnels dans l’imagerie cérébrale, mais elle concerne d’autres régions du cerveau.
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