Après des décennies d’inactivité, l’État américain de l’Arizona abolira enfin une loi notoirement stricte régissant l’avortement qui a failli être remise en vigueur. Le vote a été conclu par le Sénat de cet État de l’ouest des États-Unis le mercredi 1er mai, avec un résultat de 16 pour et 14 contre, mettant fin à une législation datant de 1864. La loi en question interdisait toute interruption de grossesse depuis le moment de la conception, à moins que la vie de la mère ne soit en péril. Les seules exceptions admises étaient le viol et l’inceste.
Le 9 avril, une émotion considérable a été déclenchée à travers le pays lorsque la Cour suprême d’Arizona a jugé que cette loi était désormais en vigueur. Ce jugement faisait suite à un revirement de la Cour suprême des États-Unis qui, en juin 2022, a supprimé la protection fédérale de l’avortement en annulant l’arrêt Roe vs Wade de 1973.
En raison de ce jugement, qui a permis aux États de légiférer librement dans ce domaine, vingt États ont déjà interdit ou drastiquement limité l’accès à l’avortement. La décision de la Cour suprême d’Arizona a été condamnée par Joe Biden et a également reçu une critique plus tempérée de Donald Trump.
« Une interdiction totale de l’avortement aurait conduit à l’emprisonnement des médecins, mis en péril la vie des femmes dans notre état et supprimé le droit de millions d’Arizoniens à disposer de leur corps », a déclaré la gouverneure démocrate de l’Arizona, Katie Hobbs, mercredi. Elle a exprimé sa satisfaction dans une déclaration suite au vote du Sénat de l’état, en affirmant qu’elle était impatiente de ratifier cette abrogation.
Cela est devenu un enjeu clé de la campagne présidentielle.
L’attorney générale démocrate de l’Arizona, Kris Mayes, avait averti qu’elle ne prendrait aucune mesure légale. Cela aurait pu être influencé par les élections, puisque les attornies généraux sont élus aux États-Unis. « Le choix de réinstituer une loi datant d’une époque où l’Arizona n’était pas un État, où la guerre civile sévissait et où les femmes n’étaient même pas autorisées à voter, sera un désastre historique pour notre État » selon Mayes, enregistré le 9 avril.
Le droit à l’avortement se manifeste comme une question clé de la campagne présidentielle aux États-Unis. Des partisans d’une initiative populaire ont annoncé en avril qu’ils ont réussi à recueillir les signatures requises pour un référendum visant à consacrer le droit à l’avortement dans la constitution de l’Arizona. L’Arizona fait partie des états clés qui pourraient déterminer le résultat de l’élection. Il est prévu que ce vote coincidera avec l’élection présidentielle de novembre, comme en Floride, un autre État crucial.
Le président démocrate actuel Joe Biden fait de la défense des droits des femmes une priorité de sa campagne pour un deuxième mandat, contre son rival républicain Donald Trump. Ce dernier est fier d’avoir, avec ses nominations à la Cour suprême, abouti en juin 2022 à l’abolition de la protection fédérale pour l’IVG, mais souligne les dangers électoraux d’une position trop conservatrice sur le sujet.