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« Siège à Istanbul contre rassemblement syndical »

Un 1er mai sans précédent s’est produit à Istanbul en raison d’une démonstration de force exceptionnelle. Des barrages policiers, des vérifications strictes, des rues interdites à la circulation, et des véhicules militaires stationnés depuis les bords du Bosphore jusqu’à la zone historique de Sultanahmet ont été observés. Aucun moyen de transport, que ce soit des autobus, des métros, des tramways ou des bateaux, n’a pu atteindre les zones centrales de Beyoglu, Fatih et Sisli. Au matin du mercredi, la ville avait l’air assiégée et les touristes étrangers erraient désespérément vides avec leurs bagages à roulettes, cherchant en vain un taxi.

La veille, le gouverneur de la mégapole avait énuméré les voies et les stations de transport public qui seraient inaccessibles à partir de 5h30 du matin, forçant plusieurs partis d’opposition et syndicats à modifier leurs lieux de rassemblement. Quant au ministre de l’intérieur, Ali Yerlikaya, il avait révélé le déploiement de 42 000 policiers dans la ville, plus du double des années précédentes, tout en critiquant les « organisations terroristes » qui selon lui cherchaient à utiliser le 1er mai pour leurs actions et leur propagande. D’après le ministère, 210 personnes ont été arrêtées ce mercredi sans même avoir pu atteindre la place principale.

Dès le matin, les médias sociaux ont commencé à diffuser des photos des arrestations initiales de groupes d’activistes, qui étaient pour la plupart très jeunes. Ces individus appartenaient aux partis de gauche et d’extrême gauche, qui essayaient de se rendre à Taksim, un site interdit aux manifestants depuis le mouvement de protestation de Gezi, orchestré par le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan en 2013 et nommé d’après le parc situé sur la place. Cette place a aussi une grande valeur symbolique dans l’histoire sociale, syndicale et politique de la Turquie.
«Résistez, n’importe où!»
En 1977, la traditionnelle manifestation du 1er mai à Taksim s’est conclue de manière tragique. Des tirs provenant de plusieurs bâtiments ont provoqué une panique massive, qui a finalement conduit à 34 morts et 136 blessés. Suite à ce drame, toutes les manifestations ont été interdites sur ce lieu pendant plus de trente ans.
C’est précisément à cet endroit que divers syndicats et partis d’opposition, dont le Parti républicain du peuple (CHP), ont récemment appelé à manifester. Encouragés par leur victoire aux élections municipales du 31 mars – marquées par une défaite majeure inédite pour la coalition islamiste-nationaliste au pouvoir – ces groupes d’opposition étaient déterminés à laisser leur marque ce jour-là. Leur marche, selon les communiqués officiels, était une protestation contre la «pauvreté et la faim», ainsi qu’une demande pour l’instauration d’une «nouvelle politique pour sortir le pays de la crise et de son autoritarisme». Malheureusement, ils n’ont pas réussi.
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