Rosario, cette cité élégante située à 300 kilomètres au nord-ouest de Buenos Aires, ne baigne plus depuis longtemps dans une atmosphère de tranquillité malgré sa compostion de ville paisible au bord du Parana. La dernière décennie a été témoins de règlements de comptes fréquents parmi les seigneurs de la drogue. Étant au carrefour des voies terrestres et aquatiques en provenance de Bolivie, du Paraguay et du Brésil, et produisant 80% de l’offre céréalière du pays, cette troisième plus grande ville de l’Argentine avec sa population de près de 1,3 million, se trouve géographiquement bien positionnée pour les échanges illégaux.
Toutefois, la série d’événements qui ont eu lieu début mars a dépassé tout ce à quoi la population était jusqu’ici habituée. Pendant une période de cinq jours, des tueurs à gages ont abattu quatre individus non impliqués dans le trafic de drogue dans les rues. La ville de Rosario a alors sombré dans une intense peur. Les transports publics ont stoppé leur activités après 22 heures et les résidents se sont confinés pendant près de dix jours, hors des heures de travail, avant d’oser timidement reprendre leur vie quotidienne. Malgré des statistiques d’assasinats troublantes pour le pays – 257 tueries recensées à Rosario en 2023, soit un taux d’homicide (22 pour 100 000 habitants) cinq fois plus élevé que la moyenne nationale – la bourgeoisie de cette ville argentine sent que la situation a pris un autre tournant. Désormais, le bruit des balles des gangs locaux s’approche de trop près. « Avant, ils s’entretuaient. A présent, tout le monde est une cible potentielle », résume un commerçant du centre-ville.
De manière surprenante, les statistiques officielles montrent une baisse significative de 58,33% des meurtres au début de 2024, par rapport aux trois premiers mois de 2023. Selon Maximiliano Pullaro, membre de l’Union civique radicale de centre-droit et nouveau gouverneur de la province de Santa Fe, qui comprend Rosario, c’est son approche de « main de fer » mise en œuvre depuis son entrée en fonction le 10 décembre 2023 qui commence à porter ses fruits.
Un « effort de guerre »
Dans les pénitenciers, l’administration locale a effectivement intensifié les inspections à grande échelle. Elle se vante d’avoir saisi plus de 1800 téléphones mobiles en quelques mois et a restreint les visites. La veille du premier meurtre de la série, le 5 mars, le gouverneur a posté des images de prisonniers assis par terre, les mains derrière le dos, torse nu et tête rasée, à l’image des actions choc entreprises par le président du Salvador, Nayib Bukele, avec un message : « Cela va devenir de pire en pire ».
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