Au service d’hémato-oncologie de l’Hôpital Saint-Louis de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, situé au cœur du 10e arrondissement, un patient nommé Adam, dont le nom a été modifié, attend patiemment dans sa chambre. Ce patient de 39 ans, qui est à nouveau hospitalisé depuis six jours, se prépare à recevoir une forme très sophistiquée de traitement de son lymphome récidivant. Ce traitement, connu sous le nom de « cellules CAR-T » (prononcé « car-ti »), fait appel à une armée microscopique de lymphocytes T. Ces « cellules tueuses de tumeurs » ont été génétiquement modifiées pour combattre la maladie. Dans la plupart des cas, ces lymphocytes T sont d’abord extraits du patient, puis sont « formés » en laboratoire pour reconnaître et attaquer les cellules tumorales. Une fois réintroduits dans le sang du patient, ils ciblent les cellules tumorales comme des missiles guidés, se multipliant pour renforcer leurs rangs.
La thérapeute cellulaire redéfinit l’approche de traitement de nombreux cancers du sang, selon Catherine Thieblemont, qui dirige le service d’hémato-oncologie à l’hôpital Saint-Louis. Le traitement est « dramatiquement » efficace, offrant des remises longues et même des guérisons pour des patients qui étaient auparavant condamnés à court terme. De plus, elle suggère que cette thérapie pourrait bien s’étendre au-delà des cancers du sang. Des premiers essais dans les maladies auto-immunes et les tumeurs solides montrent des résultats « extrêmement prometteurs ».
Cela dit, le traitement n’est pas sans ses défis. La production de ce traitement sophistiqué est un processus complexe. De plus, son coût est élevé. Les effets secondaires graves ne sont pas rares et peuvent nécessiter des soins intensifs, même si les médecins sont de plus en plus capables de les gérer. En outre, le coût fixé par les fabricants est exorbitant. En Europe, une dose de CAR-T coûte plus de 300 000€ ; aux États-Unis, cela coûte 450 000$.
Michel Sadelain, l’architecte principal de la technologie de mutation des cellules T en « tueurs » de tumeurs, travaille au Memorial Sloan Kettering Cancer Center (MSKCC) à New York. C’est ici que cet immunologiste franco-canadien a démontré le potentiel thérapeutique de cette approche.