Il est essentiel de protéger le statut de Jerome Powell, le chef de la Fed, alors que les spéculations augmentent sur le souhait de Donald Trump de le renvoyer s’il est réélu. Trump avait déjà envisagé de licencier Powell pendant sa présidence, mais ses conseillers l’en ont dissuadé, arguant du fait qu’il n’avait pas l’autorité nécessaire. Toutefois, selon le Wall Street Journal, un Trump au pouvoir pour un second mandat pourrait ignorer ces mises en garde.
Plus préoccupant encore, d’après le journal, certains des conseillers de Trump souhaiteraient implicitement éliminer l’indépendance de la banque centrale. Les futurs prétendants à la présidence de la Fed pourraient être contraints d’accepter de discuter en privé de leur politique monétaire avec M. Trump, selon les plans envisagés par ses conseillers.
Cette possibilité est loin d’être anodine. L’autonomie de la Fed, établie en 1913 après la crise bancaire de 1907, n’a pas toujours été garantie. De plus, la double mission de la Fed de maintenir le plein emploi et la stabilité des prix est complexe. L’objectif de stabilité des prix n’a été officiellement déclaré qu’à l’occasion d’une réforme en 1977, au milieu d’une forte augmentation de l’inflation.
Au moment où se déclenche la deuxième guerre mondiale, la banque est placée sous le contrôle de la Maison Blanche. Elle instaure des taux d’intérêts bas, environ 2,5 % sur une décennie, dans le but de financer les dépenses de guerre. Cette stratégie perdure même après le conflit, au moment où le taux de chômage grimpe en flèche, et que le pays est en proie à la peur d’une récurrence de la crise des années 30. Elle entraîne une inflation augmentée en 1951 (21 % en février 1951, 7,9 % pour l’année), ce qui provoque un conflit avec le président Harry Truman. L’affaire aboutit à un accord qui établit les bases de la Fed moderne : l’établissement artificiel des taux d’intérêt prend fin et la Fed n’assure plus le financement de la dette du Trésor.
Le pays est florissant jusqu’à la réapparition de l’inflation à cause de la guerre au Vietnam à partir de 1965, suivie des crises pétrolières de 1973 et 1979. L’Occident est encore sous l’emprise du keynésianisme, où la croissance économique est prioritaire malgré l’inflation. Ce qui mène à la stagflation.
Le véritable fléau.
Dans un contexte de politique monétaire aux États-Unis, Arthur Burns, qui a présidé la Fed de 1970 à 1978 et était un ancien conseiller de Richard Nixon, a mené une politique relâchée afin de faciliter la réélection de Nixon en 1972. Son remplaçant, George William Miller, nommé par le démocrate Jimmy Carter en 1978, a encore plus aggravé la situation. Cette année-là, le dollar a perdu un tiers de sa valeur par rapport au mark allemand et l’inflation a atteint 13,5% en 1979. Carter a finalement remplacé Miller par Paul Volcker au Trésor. Avant même l’arrivée de Ronald Reagan au pouvoir en 1980, le keynésianisme a été abandonné au profit du monétarisme. Volcker a laissé les taux d’intérêt augmenter, provoquant deux graves récessions au début des années 1980, avant que l’inflation ne soit finalement maîtrisée. Ce texte a plus de détails, mais seuls les abonnés peuvent y accéder.
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