La recherche publiée le 29 avril dans la revue Nature Ecology & Evolution révèle que les forêts d’Europe pourraient voir leur « banque d’espèces » d’arbres diminuer d’au moins un tiers en raison du changement climatique. Cette conclusion préoccupante survient tandis que les forêts européennes sont déjà sévèrement touchées par les incendies, les sécheresses et les maladies, en grande partie attribuables au réchauffement climatique.
Près de 90% des espèces d’arbres endémiques de l’Europe ont été prises en compte dans cette étude, incluant les frênes, chênes, saules, aulnes, pins et autres. Les chercheurs ont analysé la répartition de ces 69 espèces à travers plus de 238 000 parcelles forestières en Europe.
Ils ont ensuite établi des modèles de résistance des arbres à l’horizon 2100, basés sur trois scénarios climatiques différents. Le premier prévoit un réchauffement de 1,6 °C par rapport à la période 1850-1900, le deuxième un réchauffement de 2,5 °C, et le troisième de 4,3 °C. Ainsi, le nombre d’espèces disponibles pour aider les forêts à s’adapter à ces changements climatiques semble déjà très limité.
D’après les données recueillies, la diversité des espèces par kilomètre carré capable de survivre au prochain siècle pourrait chuter d’environ 33% par rapport à l’actuel dans le scénario le moins extrême; 38% dans un scénario moyen (où neuf espèces pourraient être plantées par kilomètre carré); et 49% si le réchauffement s’intensifiait davantage. L’effet varie en fonction des régions, le nord et l’ouest de l’Europe étant plus particulièrement affectés comparés au centre et à l’est du continent. Les zones montagneuses semblent toutefois être relativement épargnées.
« Point de Restriction »
Alors que d’autres recherches avaient déjà illustré l’évolution de la répartition des diverses espèces d’arbres, ce nouveau document prouve que le changement climatique risque d’imposer une sorte de « point de restriction » en matière de gestion forestière: les espèces qui s’adaptent à une certaine région aujourd’hui pourraient ne pas être convenable pour le futur climat.
Et tandis que le réchauffement climatique progresse, de nouvelles espèces pourront s’établir à un endroit précis, elles ne peuvent tout de même pas être implantées immédiatement, par exemple, à cause de la persistance des gels. Les gestionnaires forestiers ne sont donc autorisés qu’à utiliser des espèces qui peuvent survivre climatiquement à la fois aujourd’hui et à l’avenir.
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