L’affaire impliquant Mis et Thiennot continue d’alimenter les discussions, même soixante-dix-sept ans après les faits. Il semblait que le débat était réglé le 5 octobre 2023 lorsque la commission du tribunal de révision a ordonné la révision du cas de Raymond Mis et Gabriel Thiennot. Cette décision a pavé la voie pour la réhabilitation de ces deux braconniers condamnés pour l’assassinat du garde-chasse Louis Boistard en 1950 dans l’Indre, une affaire datant de quatre ans auparavant.
Ces deux hommes ont d’abord admis le meurtre pendant leur détention provisoire et lors de leur premier interrogatoire par le juge d’instruction. Ils ont ensuite rétracté leurs aveux, ce qui n’a pas empêché leur condamnation à quinze ans de travaux forcés par le tribunal de la Gironde. Ils avaient reçu la même peine en 1947 par le tribunal de l’Indre et en 1948 par celui de la Vienne, mais ces deux jugements ont été annulés pour vices de procédure.
En 1954, le président René Coty les a graciés, mais ils sont restés coupables aux yeux de la justice. Jusqu’à leur mort en 2003 et 2009, Gabriel Thiennot et Raymond Mis ont maintenu leur innocence. Leurs héritiers ont poursuivi leur lutte, avec le comité de soutien Mis et Thiennot, créé en 1980, qui a introduit plusieurs demandes de révision en déclarant que les aveux des deux hommes, alors âgés de 19 ans, avaient été obtenus sous la pression des interrogatoires policiers.
Cependant, six de ces demandes ont été rejetées.
Entre 1980 et 2015, six demandes de révision ont été refusées. Cependant, la septième demande, soumise en 2022, a conduit à une décision positive le 5 octobre 2023. Cette différence provient de l’article 6-II de la loi du 22 décembre 2021 qui autorise la révision des « condamnations rendues par une cour d’assises avant 1958 après des aveux obtenus par la violence des enquêteurs ». Cette loi permet également à la cour de révision d’annuler les éléments du dossier qui témoignent de déclarations obtenues par la violence des enquêteurs.
C’est cet article qui a permis à la commission d’examen de la cour de révision, le 5 octobre 2023, d’ordonner un nouvel examen de l’affaire et d’annuler une trentaine de pièces du dossier contenant les aveux des deux condamnés. Ces déclarations ne pouvant plus être utilisées, le dossier, ainsi modifié, est très susceptible de mener à l’acquittement de Mis et Thiennot. « C’est super! Nous sommes à une étape de la victoire », a déclaré avec émotion, Thierry Thiennot, le fils de Gabriel, après cette décision.
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