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28 avril 2024 13 h 05 min

« Véronique Béchu: Au Cœur de l’Humain »

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Véronique Béchu est la figure française de la lutte mondiale contre l’abus sexuel des mineurs. Le service qu’elle dirige dans la brigade des mineurs a été la toile de fond du film Polisse (2011) de Maïwenn, qui a mis en avant le travail des policiers combattant la pédocriminalité. Elle dévoile son parcours en tant qu’enquêtrice dans un livre percutant, intitulé « Derrière l’écran. Combattre l’explosion de la pédocriminalité en ligne » (Stock, 300 pages, 20 euros).

Si je n’avais pas croisé un étudiant en droit alors que j’étais sur le point de m’inscrire en médecine, juste après avoir obtenu mon baccalauréat…

Depuis mes 10 ans, je rêvais de devenir pédiatre. Mes grands-parents m’avaient toujours dit : « Nous te voyons plutôt comme juge. » Cependant, cette rencontre avec cet étudiant qui m’a parlé de criminalité, de criminologie et de droit pénal m’a fait réaliser que je pouvais être utile beaucoup plus rapidement.

Est-ce que votre déviation rapide de vos ambitions, conjuguée avec le regard de vos grands-parents qui vous imaginaient magistrate, indique que vous aviez une relation spéciale avec la loi ?

En réalité, je ne m’en étais peut-être pas rendu compte moi-même. Dans notre maison, la république avait une grande importance. Mon père dirigeait un établissement dans le secteur de la métallurgie et ma mère avait été assistante de direction avant de se retirer pour élever nos cinq enfants. Ils avaient le sens du devoir envers la communauté, même si aucun d’eux n’occupait une profession en lien direct avec le droit ou l’ordre public. J’ai suivi des cours en droit pénal, obtenu un diplôme en sciences criminelles et je suis partie pour les États-Unis. À mon retour, je me suis inscrite au concours de l’École Nationale de la Magistrature [ENM]. J’étais simultanément assistante judiciaire au Parquet Général de la cour d’appel d’Amiens. Les dossiers principaux que je gérais concernaient des affaires de violences sexuelles sur des mineurs.
Une fois qu’on se familiarise avec le monde des tribunaux, on est interloqué par le nombre de dossiers d’inceste ou de violences sexuelles sur enfants…
Absolument ! Il y en avait tant et si bien que, lorsqu’un cas d’homicide ou d’assassinat survenait de temps en temps, on pouvait respirer un peu. C’est dire… J’ai échoué aux oraux de l’ENM, mais j’ai réussi les concours pour devenir officier de police. C’était la première étape dans l’enquête et je voulais être sur le front.
À l’époque, il n’y avait pas beaucoup de postes disponibles en police judiciaire et ils étaient pris en premier, tandis qu’aujourd’hui, vingt-deux ans après, la situation a évolué. Je tenais absolument à travailler dans le secteur des violences faites aux personnes, à aider les gens. Et je ne me voyais pas aider les autres en enquêtant sur la fraude fiscale ou la corruption. J’avais besoin d’être en contact direct avec l’humanité.

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