En vous rendant à la gare Montparnasse, vous pouvez avoir accès aux rivages de l’Atlantique ainsi qu’à la possibilité de faire des excursions d’une journée dans les régions de l’Ile-de-France et du Centre-Val de Loire. Que ce soit pour une dose d’art brut à Chartres ou pour une immersion dans la verdure, depuis la forêt de Rambouillet jusqu’aux magnifiques jardins français de Maintenon.
À Chartres, des nymphéas et mosaïques attirent l’attention. Cependant, la grandiose cathédrale, bien qu’elle soit le premier point de mire après le voyage en train, n’est pas notre attraction principale lors de cette visite à Chartres. On décide de se diriger vers la campagne en vélo ou en bus (quinze minutes), pour explorer un lieu plus caché mais tout aussi touchant. Dans la rue du Repos – non loin du cimetière – un petit chemin mène à la maison colorée de Raymond Isidore, entièrement ornée de mosaïques. L’endroit rappelle immédiatement le Palais idéal du Facteur Cheval, à Hauterives (Drôme), ou même le parc Güell d’Antoni Gaudi, à Barcelone.
Cependant, la maison de Raymond Isidore, surnommée « la maison Picassiette », possède une singularité. Ce cantonnier, vivant dans la pauvreté dès 1938, était attiré par les débris de vaisselle cassée qu’il récupérait dans les rues et rapportait chez lui. Il dira plus tard : « Je percevais des objets qui scintillaient, des choses colorées, (…) cela m’a donné l’impression d’un ordre qui me disait de m’abaisser pour les ramasser ».
Explorer la maison et ses environs, c’est regarder un simple ouvrier devenir artiste. Transformer de modestes ornements de sa maison en fresques gigantesques narrants ses convictions, évoquant le cycle de la vie et de la mort, du Chartres terrestre à la Jérusalem céleste. Né non voyant, Raymond Isidore retrouve la vue à l’âge de dix ans, se fascinant pour les vitraux de la cathédrale. Une « illumination » qui lui inspire un dévouement pour la Vierge Marie et l’ambition d' »apporter de la lumière » dans son existence.
Si l’habitation et son enchaînement de pièces débordent de poésie, c’est à l’extérieur, dans le jardin, que Raymond Isidore exprime son génie brut et sa quête spirituelle – que beaucoup jugeront comme de la folie – avec des thèmes répétitifs, des marguerites jaunes et blanches et des figures bibliques. Après la cour noire, on parvient au jardin du paradis où trône un magnifique tombeau bleu : « Ici repose l’esprit », a t-il écrit en mosaïques, clore son œuvre juste avant sa mort, en 1964.
Avant de remonter dans le train, faites une escale au Musée des beaux-arts, situé devant la cathédrale, pour un moment unique : l’opportunité de contempler de très près Le Bassin aux nymphéas de Claude Monet. La peinture, prêtée par Orsay, est à découvrir jusqu’en juin dans la très belle chapelle de cet ancien archevêché. Bien que cette institution locale attend une grande rénovation, le conservateur s’engage à la maintenir actif avec des expositions temporaires. Et c’est une excellente nouvelle !
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