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28 avril 2024 8 h 09 min

Russie neutralise dix-sept drones ukrainiens

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Depuis plusieurs mois, la guerre des drones entre la Russie et l’Ukraine a atteint des sommets sans précédent. Selon un rapport d’un think tank britannique spécialisé en défense, publié en mai 2023, l’Ukraine perdait environ 10 000 drones par mois sur le champ de bataille, c’est-à-dire plus de 300 par jour. Pour information, l’armée française a légèrement plus de 3 000 avions sans pilote dans son arsenal.

Les Ukrainiens et les Russes utilisent principalement des petits drones civils, bon marché et largement disponibles. Ces appareils servent principalement à l’observation du champ de bataille, à la direction des troupes et aux tirs d’artillerie. Certains sont même modifiés pour transporter de petites charges explosives qui sont ensuite larguées sur les tranchées ou les véhicules blindés.

Les drones-kamikazes, bien que moins courants, jouent également un rôle crucial. Ces drones, équipés de charges explosives, sont lancés au-dessus de la ligne de front sans cible prédéfinie. Moscou utilise des drones russes Lancet-3, ainsi que des Shahed-136 produits en Iran. En dépit de l’absence d’une flotte de guerre importante, l’Ukraine défit l’ennemi avec des engins maritimes sans pilote, des petits kayaks télécommandés et chargés d’explosifs (450 kilos de TNT).

Preuve de l’importance des drones pour leurs opérations, les Ukrainiens et les Russes se sont organisés pour fournir à leurs troupes des drones en quantité suffisante, non seulement en en achetant en grand nombre sur le marché, mais aussi en développant des capacités de production locales. Initialement embryonnaire au début de la guerre du Donbass il y a dix ans, l’industrie nationale ukrainienne a pu se renforcer. A la fin du mois d’août, le ministre ukrainien du développement numérique a annoncé la mise au point d’un modèle similaire au drone russe Lancet, qui serait bientôt lancé sous le nom de Peroun, le dieu slave de la foudre et du tonnerre.

Malgré les sanctions occidentales qui réduisent son approvisionnement en composants électroniques, la Russie semble néanmoins s’efforcer de trouver des solutions. D’après les services de renseignement américains, Moscou aurait débuté la construction d’une usine dans la zone économique spéciale d’Alabouga. Le but serait la production de drones-kamikazes, sur base de conceptions iraniennes, à l’image des Shahed-136.

L’état précis des réserves de missiles russes reste nébuleux, si ce n’est inconnu. Les informations qui parviennent de l’Ukraine, par le biais de leurs services de renseignement, sont régulièrement remises en question. Selon Andri Ioussov, un porte-parole de la direction générale du renseignement du ministère de la défense (GUR), rapporté par Liga.net, l’armée russe aurait possédé 2 300 missiles balistiques ou de croisière avant le début du conflit et il y en avait toujours plus de 900 au début de cette année. Ce chiffre s’ajouterait à une dizaine de milliers de missiles antiaériens S-300, ayant une portée d’environ 120 kilomètres, et un stock considérable de S-400, une version plus récente avec une portée triplée. En août, Vadym Skibitsky de GUR a évoqué le chiffre de 585 missiles avec une portée supérieure à 500 kilomètres.

En termes de capacités de fabrication, elles seraient maintenant d’environ une centaine de missiles balistiques ou de croisière chaque mois, selon plusieurs spécialistes. En octobre, le GUR estimait cette production à 115 unités.

Selon Reuters, la Russie a fait l’acquisition de missiles à courte portée provenant de l’Iran et de la Corée du Nord, une pratique qui perdure. 400 missiles iraniens de la famille Fateh-110 ont été livrés à ce pays depuis janvier, datant de la conclusion d’un accord. Les détails sur le nombre de missiles nord-coréens obtenus par la Russie sont inconnus, cependant, 24 ont été lancés en Ukraine du 30 décembre 2023 au 7 février 2024, informe le procureur général, Andriy Kostin. Il semblerait qu’il s’agisse des missiles KN-23 et KN-24 qui possèdent une portée d’environ 400 kilomètres d’après l’analyse des experts.

Concernant le cas des avions de combat F-16, les Etats-Unis ont, en août 2023, approuvé la cession de ces appareils à l’Ukraine à la demande répétée du président ukrainien. Bien qu’une flotte d’environ 300 F-16 soit répartie dans neuf pays européens, dont la Belgique, le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas et le Portugal, tous n’ont pas la capacité de les céder instantanément.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait évoqué le chiffre de 42 F-16 promis par les alliés de l’Ouest à Kiev, une information qui n’a pas été étayée. Le Danemark a promis 19 avions, dont les 6 premiers ne seront pas livrés avant la fin de l’année 2023, 8 autres en 2024 et 5 en 2025, confie la première ministre danoise, Mette Frederiksen. Bien que les Pays-Bas, eux aussi, aient promis des F-16, ils ont omis de préciser combien ils prévoyaient d’en céder.

Il est nécessaire d’offrir aux pilotes ukrainiens une formation adéquate pour manœuvrer les avions de combat américains. En effet, environ onze pays partenaires de l’Ukraine projettent d’assumer la responsabilité d’entraîner ces pilotes. Selon l’OTAN, il semblerait que ces soldats ukrainiens soient en mesure d’employer ces avions dans des combats autour du début de 2024. Cependant, certains experts estiment que cela pourrait plutôt se produire vers l’été de cette même année.

Quel type d’aide militaire l’Ukraine reçoit-elle de ses alliés ?
Deux ans après le début du conflit à grande échelle, l’appui occidental à l’Ukraine semble s’affaiblir. Selon l’Institut Kiel, les assistances récemment promis sont en déclin, particulièrement entre août 2023 et janvier 2024, en comparaison avec la même période de l’année précédente. Le Sénat américain et l’Union européenne ont également rencontré des difficultés pour approuver de nouvelles aides, y compris une somme de 50 milliards d’euros proposée le 1er février 2024. Ceci est principalement en raison de l’impasse hongroise.

Il est à noter que ces deux dernières aides n’ont pas encore été comptabilisées dans le dernier résumé de l’Institut Kiel, qui se termine en janvier 2024. Les chiffres de cet institut allemand indiquent une diminution du nombre de donateurs, qui semblent se regrouper autour d’un groupe central de pays : les États-Unis, l’Allemagne, ainsi que les pays du nord et de l’est de l’Europe. Ces derniers promettent non seulement un soutien financier important mais également des armements de haute technologie. Au total, depuis février 2022, ces pays qui soutiennent Kiev se sont engagés à fournir au moins 276 milliards d’euros en aide militaire, financière ou humanitaire.

En termes absolus, ceux qui ont le plus d’argent ont tendance à être les plus généreux. Les États-Unis sont les principaux bailleurs de fonds, ayant promis plus de 75 milliards d’euros d’aide, parmi lesquels 46,3 milliards sont destinés à des aides militaires. Au total, les États membres de l’Union européenne ont promis des aides à la fois bilatérales (64,86 milliards d’euros) et communes issues des fonds de l’UE (93,25 milliards d’euros), pour un montant total de 158,1 milliards d’euros.

Cependant, si l’on considère ces contributions par rapport au produit intérieur brut (PIB) de chaque pays donateur, le classement est différent. Les États-Unis chutent à la vingtième place (0,32 % de leur PIB), bien après des pays voisins de l’Ukraine ou d’anciennes républiques soviétiques alliées. L’Estonie est en tête du classement des aides en fonction du PIB avec 3,55 %, suivie du Danemark (2,41 %) et de la Norvège (1,72 %). Les deux autres pays dans le top 5 sont la Lituanie (1,54 %) et la Lettonie (1,15 %). Les trois États baltes, qui partagent tous des frontières avec la Russie ou son alliée la Biélorussie, sont parmi les plus généreux donateurs depuis le début du conflit.

En ce qui concerne le pourcentage du PIB, la France occupe la 27ème place, ayant engagé 0,07 % de son PIB, juste derrière la Grèce (0,09 %). On note une baisse constante de l’aide fournie par la France depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie; la France était vingt-quatrième en avril 2023, et treizième à l’été 2022.

Que savons-nous des tensions à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne ?

Il y a des tensions entre la Pologne et l’Ukraine depuis plusieurs mois en raison du transit des grains ukrainiens. En 2022, l’Union européenne avait introduit des « routes de solidarité » pour aider l’Ukraine à exporter sans frais de douane ses produits agricoles vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Cependant, environ 50% de ces céréales finissent leur voyage soit par un transit, soit par une vente au sein de l’UE, d’après la Fondation Farm qui s’occupe des problématiques agricoles mondiales. Ces grains sont vendus à un prix inférieur à celui du blé produit dans l’UE, ce qui a des répercussions sur le marché local, en particulier dans les pays d’Europe centrale.

Pour protéger leurs revenus agricoles, la Pologne, la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie ont décidé d’interdire unilatéralement leurs importations de céréales ukrainiennes en avril 2023, une interdiction que l’UE a acceptée pour une durée de quatre mois à condition que cela n’entrave pas le transit vers d’autres pays. Cependant, la Pologne a choisi de maintenir sa frontière fermée aux céréales ukrainiennes à la fin de l’été, estimant que le problème n’avait pas été résolu, alors que l’UE soutenait que l’embargo n’était plus nécessaire car elle n’observait plus de déséquilibre sur les marchés nationaux des céréales.

Les agriculteurs en Pologne ont établi un blocus le long de la frontière avec l’Ukraine pour interdire l’entrée des camions ukrainiens sur leur sol national. Ils exercent une pression pour mettre en place un « embargo total » sur les produits alimentaires et agricoles ukrainiens. Ils signalent une hausse considérable de leurs frais de production alors que leurs entrepôts et silos sont pleins à craquer et les prix plafonnent à un niveau très bas. Au début de l’année 2024, le président de l’Ukraine a observé que le blocus de la frontière polonaise est un signe de « l’affaiblissement de la solidarité » envers son pays, et a demandé des discussions avec la Pologne. Il a également déclaré que « seule Moscou se réjouit » de ces frictions et a critiqué « l’émergence de slogans clairement pro-Poutine ».

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