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28 avril 2024 1 h 06 min

« Pseudo-observateurs légitiment sacre de Poutine »

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L’obtention du soutien de dirigeants politiques européens pour consolider l’autorité de Vladimir Poutine s’est avéré être une tâche ardue. Cependant, Moscou continue à élaborer des stratégies pour surmonter ces obstacles. L’Organisation Non Gouvernementale allemande, European Platform for Democratic Elections (EPDE), a publié un rapport le vendredi 26 avril, révélant les noms de 183 « observateurs » et « experts » internationaux invités par le gouvernement russe pour superviser l’élection présidentielle de mars 2024 qui a vu Vladimir Poutine se faire réélire pour un cinquième mandat. Une élection que le Parlement européen a qualifié d’«illégale et antidémocratique», et qui a été précédée par le décès du dissident, Alexeï Navalny, dans une prison russe le 16 février.

Après l’annexion de la Crimée en 2014, le régime de Poutine a commencé à inviter des politiques et des personnalités des médias européens en Russie pour faire accepter les infractions au droit international (annexions territoriales) et les dérives démocratiques (élections truquées) tant par le public russe que par la communauté mondiale. Ces invités étrangers apparaissent largement dans les médias russes comme un symbole « démocratique », approuvant les actions du Kremlin. Parmi les observateurs français présents lors des élections présidentielles de 2018, figuraient entre autres Jean Cadet, ancien ambassadeur à Moscou, Gilbert Collard, député du Rassemblement National, Joël Guérriau, sénateur de l’Union des démocrates et indépendants, ainsi que Thierry Mariani, à l’époque membre du parti Les Républicains.

Dans une évolution progressive, les dirigeants russes ont diminué leur tolérance envers les observateurs qualifiés et indépendants, y compris ceux de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dont la Russie est un membre. Lors des dernières élections présidentielles, la fraude généralisée (censure des médias, suppression et répression de toute opposition véritable, choix minutieux des « candidats concurrents », supervision des électeurs jusqu’aux bureaux de vote, bourrage des urnes et manipulation des résultats) a amené le Kremlin à organiser un semblant d’observation tout en interdisant toute observation indépendante.

Spectacle

Ce spectacle, orchestré par la Commission électorale centrale (CEC) de Russie, a consisté à convier 1 115 « observateurs et experts internationaux » provenant de 129 pays. « Nous avons connaissance de cas où des observateurs ont été approchés par des pseudo-ONG, la Chambre civique de Russie et le Sénat fédéral », rapporte la présidente du conseil d’administration de l’EPDE, Stefanie Schiffer. Le rapport n’a pas pu déterminer si les observateurs ont été rémunérés par la Russie, mais Mme Schiffer soupçonne qu’au moins leurs frais de voyage ont été couverts, en citant l’exemple d’un invité allemand, un député régional, qui a déclaré avoir été remboursé de ses dépenses.

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