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28 avril 2024 15 h 09 min

« Nouvelle religion druidique à travers Gaule »

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Dans son livre Les Druides : Des philosophes chez les Barbares (Points, 2015), l’historien Jean-Louis Brunaux a déjà ébranlé nombre de croyances populaires concernant les véritables druides. Ces figures emblématiques de l’ancienne Gaule ont marqué (et continuent d’influencer) l’imagination européenne pendant des siècles, à l’image de Merlin l’enchanteur et de Panoramix. À travers un autre ouvrage, La Cité des druides : Bâtisseurs de l’ancienne Gaule (Gallimard, 254 pages, 20,50 euros), l’éminent chercheur du CNRS persiste à explorer le rôle et l’importance des druides dans la société gauloise qui les a vus émerger et disparaître, au sein de laquelle ils ont réussi à instaurer une nouvelle forme de religion.

Il est commun d’imaginer les druides réalisant des sacrifices humains sur des dolmens dans le cadre de la religion gauloise. Cependant, cette image correspond-elle à la réalité ?

Selon Jean-Louis Brunaux, cela n’est que pure conjecture. Il précise d’abord que ni les menhirs ni les dolmens ne sont attribuables aux Gaulois, contrairement à ce que l’on pourrait penser à cause d’Obélix. Les mégalithes présents dans certaines régions françaises préexistent largement à l’ère gauloise, remontant à l’époque néolithique (Xe-IIIe millénaire avant notre ère). Quant aux sacrifices humains, ils étaient peu courants et ne sont pas une spécificité gauloise. D’autres peuples anciens les pratiquaient, y compris les Grecs et les Romains.

Vaut-coup souligner que la réalisation des sacrifices n’était pas une responsabilité des druides. Cette perception provient, en fait, d’une vague d’idéologie apparu au 18ème siècle nommée « néodruidisme », initiée par l’Irlandais John Toland [1670-1722]. Celui-ci mêlait, de manière haphazard, des éléments incongrus pour construire une sorte de mythologie dépourvue de bases historiques. C’est un pur jeu d’imaginaire, très semblable à l’heroic fantasy actuelle.

Mais est-ce que les Gaulois craignaient réellement que le ciel leur tombe sur la tête?
Sur ce point, les bandes-dessinées d’Astérix sont correctes: cette peur existait réellement. C’est vérifiable par l’un des textes les plus anciens que nous avons sur la civilisation Gauloise. Dans son Histoire d’Alexandre le Grand, Ptolémée Lagos décrit une rencontre en 335 av. J.-C., entre Alexandre le Grand et un groupe de guerriers gaulois dans le nord de la Grèce. À cette occasion, le roi de Macédoine leur a demandé ce qu’ils craignaient le plus. Les Gaulois ont répondu qu’ils ne craignaient personne, simplement que le ciel leur tombe sur la tête.

Cette réponse a paru ridicule, soit qu’elle soit perçue comme une fanfaronnade ou une superstition absurde. En réalité, elle se réfère à une croyance que les Gaulois partageaient avec d’autres peuples de l’Antiquité, y compris certains Grecs. Dans leur conception, la voûte céleste est comme une sorte de canopée soutenue par d’immenses colonnes et flottant au-dessus de l’univers. Le jour où ce gigantesque voile du ciel s’effondrerait signifierait la fin du monde. Admettons que c’est une perspective plutôt inquiétante…

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