La situation continue d’escalader dans la bande de Gaza, avec l’armée israélienne annonçant le dimanche 28 avril qu’elle a touché des « dizaines de cibles terroristes » dans le centre de Gaza. De plus, ils préparent un assaut terrestre sur Rafah, qui accueille environ un million et demi de Palestiniens, dont beaucoup sont des déplacés. Les capitales du monde entier et diverses organisations humanitaires craignent une effusion de sang massive dans cette ville fréquemment attaquée par l’armée.
Le samedi précédent, la marine israélienne a ciblé des positions du Hamas et a apporté soutien à ses forces dans le centre de Gaza, selon une déclaration de l’armée faite le dimanche. Un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) a indiqué que l’armée israélienne a mené des frappes aériennes et des tirs d’artillerie sur plusieurs régions de la bande de Gaza, telles que Khan Younès, Rafah au sud, ainsi que dans la ville de Gaza.
En une journée, le ministère de la santé du Hamas a rapporté 66 nouvelles victimes pour un total de 34 454 morts enregistrés dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre. Pour plus de deux-cents jours de conflit, le bilan côté Israélien est également lourd, avec 1 170 personnes, principalement des civils, qui ont perdu la vie, d’après l’AFP basée sur les informations officielles Israéliennes.
La Maison Blanche déclare qu’Israël est prêt à entendre les positions américaines avant toute action sur Rafah.
John Kirby, le porte-parole de la Maison Blanche en charge de la sécurité nationale, a confirmé dimanche sur la chaîne ABC qu’Israël avait promis de considérer les préoccupations et suggestions américaines avant de lancer une éventuelle attaque à Rafah. « Ils se sont engagés à ne pas se rendre à Rafah jusqu’à ce que nous ayons eu la chance de faire part de nos idées et de nos inquiétudes », a déclaré Kirby.
Selon lui, après une trêve temporaire de six semaines, il pourrait être possible d’instaurer un cessez-le-feu plus long terme. Kirby a également souligné l’augmentation du nombre de camions d’aide à Gaza. « Les Israéliens ont commencé à respecter les promesses que le président Joe Biden leur avait demandé de tenir », a-t-il déclaré.
Par ailleurs, une délégation du Hamas arrivera en Égypte lundi pour donner suite à la dernière contre-proposition israélienne en vue d’une trêve et la libération des otages, a annoncé dimanche un cadre supérieur du mouvement palestinien à l’AFP.
La délégation, dirigée par Khalil Al-Hayya, un acteur clé des négociations et membre du Hamas pour Gaza, « se rendra chez le directeur et les responsables du service de renseignement égyptien pour discuter et soumettre la réponse du mouvement palestinien », a expliqué ce responsable sous réserve d’anonymat.
Le Hamas avait indiqué samedi avoir reçu une « contre-proposition » d’Israël dans le cadre de la médiation du Qatar et de l’Égypte. La délégation discutera également d’une « nouvelle initiative égyptienne », a ajouté le haut responsable du mouvement palestinien.
Dimanche dernier, des dissensions profondes sont apparues publiquement entre deux officiels Israéliens de haut rang concernant un potentiel accord de paix avec le Hamas, ce qui a provoqué des tensions pour le Premier ministre Benyamin Nétanyahou. Le ministre des finances israélien, Bezalel Smotrich, membre influent de la droite extrême, a exprimé par le biais d’une vidéo diffusée sur Telegram, son opposition à cet accord, affirmant que cela menacerait l’existence même d’Israël et précipiterait la fin du gouvernement actuel. Il a ainsi laissé entendre qu’il pourrait briser la coalition au pouvoir – la plus conservatrice de l’histoire nationale.
Face à cette position, Benny Gantz, le modéré et ancien chef d’état-major de l’armée, a contré l’argument de Smotrich en affirmant que le gouvernement perdrait sa légitimité si des ministres entravaient un plan visant à libérer des otages.
Lors d’un sommet économique à Ryad, dominé par la guerre à Gaza, l’Arabie saoudite a vivement critiqué l’incapacité de la communauté internationale à faire face à la situation à Gaza. L’appel à la mise en place d’un État palestinien a été lancé par le responsable de la diplomatie saoudienne, le prince Fayçal Ben Farhan, qui a condamné les échecs de la politique actuelle en gérant la crise. Il a décrit la situation à Gaza comme une catastrophe sur divers plans, notamment humanitaires.
L’autorité palestinienne, avec Mahmoud Abbas comme président, a demandé aux États-Unis de prévenir une potentielle invasion d’Israël à Rafah. Au cours du sommet de Riyadh, Abbas a insisté sur le fait que seul les États-Unis pouvaient dissuader Israël de commettre ce qu’il considère comme un crime. Il pense qu’une telle opération serait un désastre colossal pour les Palestiniens.
De son côté, le département d’État américain a indiqué que Antony Blinken se rendrait à Riyad le lundi pour discuter des efforts pour obtenir un cessez-le-feu à Gaza et la libération des otages. Blinken mettrait également l’accent sur l’importance d’éviter une expansion régionale du conflit.
Israël, par contre, ne participera pas au sommet. Même si les négociations pour un cessez-le-feu impliquent les médiations américaine, qatarie et égyptienne et se tiennent ailleurs, cet événement permettrait d’avoir des discussions constructives avec des acteurs clés, selon Borge Brende, le président du Forum économique mondial.
Selon Faisal Al-Ibrahim, le ministre saoudien de la planification, le monde est actuellement en équilibre précaire tentant de concilier sécurité et prospérité. Il a exprimé son inquiétude lors d’une conférence de presse, expliquant que toute erreur de jugement, de calcul ou de communication pourrait aggraver les défis existants.
Le ministre français des affaires étrangères était également présent à Beyrouth.
Stéphane Séjourné, le chef de la diplomatie française, s’est rendu à Beyrouth dimanche pour discuter avec les hauts fonctionnaires libanais dans le but d’atténuer les tensions entre le Hezbollah et Israël, et pour prévenir une guerre de grande envergure. Selon ses propos, ils s’opposent au scénario extrême où Israël et le Hezbollah continueraient à intensifier leurs conflits. Il a souligné son intention de transmettre ce message lors de sa visite mardi en Israël.
Lors d’une conférence de presse, Séjourné a partagé ses pensées après ses rencontres avec divers responsables libanais, y compris le Premier ministre, Najib Mikati, le Commandant en chef de l’armée libanaise, Joseph Aoun, et le Président du Parlement, Nabih Berri, qui est l’un des alliés du Hezbollah.
Il a mentionné précédemment, durant sa visite au siège de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), que des offres ont été faites pour éviter la guerre au Liban. Ajoutant que leur rôle est de prévenir toute escalade, avec actuellement 700 soldats sur place.
Depuis le déclenchement des hostilités, des échanges de tirs frontaliers sont quotidiens entre les forces israéliennes et le groupe islamiste libanais Hezbollah.