Vêtue d’un ensemble noir, probablement onéreux, les lèvres peintes d’un rouge vibrant, une allure majestueuse, Farida Khelfa est une reine. Anciennement mannequin, elle est désormais réalisatrice de documentaires et a récemment publié une autobiographie percutante, Une enfance française. Elle nous accueille dans un établissement raffiné du premier arrondissement parisien, Loulou, où la salle du restaurant a été préparée exclusivement pour elle avant le service du soir.
Familière avec l’endroit, elle se met en scène pour notre photographe. En professionnel confirmé, la séance est rapide. Après tout, n’était-elle pas une muse de Jean-Paul Goude, de Jean Paul Gaultier et du couturier Azzedine Alaïa ? Elle capture une photo supplémentaire avec son téléphone, un souvenir, presque comme si elle voulait se souvenir de l’attention qu’elle reçoit.
En effet, l’édition de son livre a bouleversé sa vie. Depuis le début de l’année, elle est omniprésente, que ce soit dans les pages des magazines de luxe, dans les émissions de radio et de télévision lors des heures de grande écoute, ou sur des supports plus niche, qu’ils soient branchés, populaires, podcast ou médias locaux. Un jour, on la voit défiler pour Thierry Mugler, le lendemain, elle est en robe de soirée à un diner de charité aux côtés de Nicolas Sarkozy et Carla Bruni, son amie et demoiselle d’honneur de son mariage ; ou encore, au milieu de l’équipe de France 3 Rhône-Alpes dans le quartier des Minguettes à Lyon, le quartier où elle a grandi.
L’ex-mannequin fut la première à être étonnée par l’intérêt généré par son livre. « Je ne l’avais absolument pas prévu. Je suis submergée par des centaines de messages provenant d’individus de tout âge, toute origine et toute classe sociale, cela me touche profondément. Je me demande parfois si tout cela est réel. » Ce qui est indéniable, c’est que son histoire ne laisse personne indifférent: elle est choquante, déstabilisante, percutante, captivante par son audace et l’honnêteté avec laquelle elle dépeint une enfance terrible et un parcours atypique. Car ce n’est pas l’échelle sociale traditionnelle qu’a empruntée la fille du quartier des Minguettes, d’origine algérienne, mais un avion supersonique qui l’a catapultée d’un univers à un autre, du quartier difficile à l’élite bourgeoise, un environnement dans lequel elle se déplace avec aisance et naturel au côté de son époux et père de ses enfants, l’homme d’affaires Henri Seydoux. « Je m’adapte facilement ! », dit-elle en admirant la vue sur les jardins des Tuileries et le Louvre.
Ensuite, elle mentionne « la chambre à tortures ».
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