Brigitte Fouré, la maire d’Amiens et membre de l’Union des démocrates et indépendants (UDI), a publié un décret vendredi 26 avril qui interdit explicitement « la mendicité » dans plusieurs rues de la ville. Le décret entrera en vigueur à partir du 1er mai et prendra fin le 31 août, et sera applicable « du mardi au samedi, de 8h à 20h », selon le texte.
La maire a justifié cette interdiction par la « mendicité continuelle et statistiquement significative » dans le centre d’Amiens, notamment près des commerces, considérée comme une obstruction excessive de l’espace public pouvant entraîner des troubles à l’ordre public, notamment par la création d’attroupements parfois alcoolisés. Elle a également expliqué que cette mesure est due aux « plaintes constantes des commerçants » ainsi que « les nombreuses interventions des forces de l’ordre pour mettre fin à ces troubles à l’ordre public (mendicité agressive, alcoolisation, entrave à la libre circulation des piétons…) ».
Il y a un mois, Mme Fouré avait annoncé son projet de mettre en place cet arrêté « à titre expérimental ». « Parfois, nous avons des personnes sans domicile fixe qui peuvent se montrer agressives et qui peuvent potentiellement détourner les clients des commerces », avait-elle déclaré. La maire avait également indiqué que les policiers municipaux auraient la possibilité « de demander aux individus de changer leur comportement ou de se déplacer », la verbalisation ayant peu d’effet sur eux, d’après elle.
Ses opposants qualifient cette mesure d' »inhumaine ».
Lors d’une enquête sur le possible lien entre cette mesure et les jeux olympiques, et l’éventuel déplacement de personnes sans-abri pendant l’été, Mme Fouré a révélé une inquiétude. Elle craint de voir des gens qui n’ont aucun lien avec sa ville et qui débarqueraient parce qu’ils seraient expulsés de Paris en particulier. Malgré cela, elle a affirmé qu’elle n’a pour le moment aucune preuve de cela.
Une manifestation s’était tenue dans la ville le 3 avril, plus de cent personnes avaient répondu à l’appel de l’association Maraudes Citoyennes Amiénoises pour protester contre cette décision. Avant la manifestation, les membres de l’association avaient publié une lettre ouverte sur Facebook, demandant à leur mairesse de ne pas mettre en œuvre cet ordre, qu’ils estimaient être «inhumain». Ils étaient indignés, affirmant que « la mendicité n’est pas un plaisir ou une carrière, c’est une façon de survivre ».
Au cours des dernières années, des décrets interdisant la mendicité ont déjà été instaurés dans plusieurs villes françaises telles que La Rochelle ou Angoulême l’été dernier. Cependant, la mesure prise à Angoulême, qui avait pour but d’interdire « la station assise ou allongée », avait été partiellement suspendue par la justice administrative, estimant que cet ordre était « trop général et manquait de précision ».
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