« LETTRE DEPUIS TOKYO
Akino Miyagi, une entomologiste spécialisée dans les papillons, espérait découvrir un sanctuaire de nature intacte abritant de multiples espèces menacées en 2016. Pour ce faire, elle a exploré la jungle de Yanbaru, dans le nord de l’île principale d’Okinawa, une région qui a été récemment rendue aux autorités locales après avoir été utilisée comme principal centre d’entrainement de l’armée américaine, le Jungle Warfare Training Center.
Cependant, l’état réel de la jungle l’a choquée. Elle y a trouvé des balles de fusil, des obus, des grenades non détonées, du fil barbelé, des parachutes déchirés, des canettes et des bouteilles en plastique.
Choquée, Miyagi est devenue une militante dévouée. À plusieurs reprises, elle a été arrêtée pour avoir jeté des cartouches de balles aux pieds de politiciens venant de Tokyo, accusant ces derniers de laisser cette situation se produire.
Selon l’accord relatif au statut des bases militaires, l’armée américaine n’est pas tenue de remettre les terrains utilisés dans leur état d’origine. La responsabilité du nettoyage de la jungle de Yanbaru incombe donc au ministère de la défense japonais. Jusqu’en 2023, ils ont déjà ramassé 15 000 cartouches et 8 tonnes d’explosifs.
Tokyo espère que la jungle sera reconnue comme patrimoine mondial naturel de l’UNESCO, mais cette perspective risque de prendre du temps.
« Prise en otage par des enjeux stratégiques régionaux » »
La condition actuelle de la jungle de Yanbaru illustre bien les effets dévastateurs de la présence militaire américaine au Japon sur la population d’Okinawa depuis la fin de la deuxième guerre mondiale en 1945. Une grande partie des 50 000 soldats américains dans le pays, précisément les trois quarts, sont stationnés dans cet archipel qui ne représente que 0,6 % de la superficie totale du Japon. Les résidents d’Okinawa se considèrent comme les victimes d’un gouvernement qui ne se soucie guère de leur sort. Ils ont donc accueilli avec méfiance l’annonce du renforcement de l’alliance entre les États-Unis et le Japon lors de la récente réunion à Washington entre le président Joe Biden et le premier ministre Fumio Kishida. Comme l’a déclaré Ryukyu Shimpo, l’un des deux journaux locaux, « Okinawa est encore une fois retenue en otage par des décisions basées uniquement sur des considérations stratégiques régionales ».
Les bases militaires américaines d’Okinawa, située entre le Japon et Taiwan, en font une cible potentielle en cas d’escalade des tensions en mer de Chine orientale. Cependant, en période de paix, leur présence engendre également une série de problèmes pour la population locale, comme les incidents, la violence et la pollution.
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