La première campagne sanitaire, lancée le 15 septembre 2023, a touché deux cent quinze mille bébés en vue de les prémunir contre les formes sévères de bronchiolite. Le Beyfortus, un anticorps monoclonal produit par les laboratoires Sanofi et AstraZeneca, a été fortement accueilli par les familles, avec un taux d’acceptation chez les parents dépassant 80 %, bien au-delà de l’expectative de 30 % prévue par les autorités sanitaires. En raison de cette large acceptation, la distribution en pharmacie a dû être suspendue quelques jours après la première délivrance de doses, afin de prioriser les maternités.
Les résultats d’une analyse scientifique de l’impact du nirsévimab (le nom scientifique du Beyfortus) ont été révélés le 26 avril par deux études distinctes, l’une conduite par Santé Publique France (SPF) et l’autre par l’Institut Pasteur. D’après les calculs du chercheur en épidémiologie Simon Cauchemez, de l’Institut Pasteur, 5 800 admissions à l’hôpital pour bronchiolite, suite à un passage aux urgences, ont été évitées entre le 15 septembre 2023 et le 31 janvier 2024. Il estime donc qu’il y a eu une baisse de 23 % des hospitalisations pour bronchiolite chez les jeunes enfants et de 35 % chez les nourrissons de 0 à 2 mois.
Chaque année, la bronchiolite affecte 30% des bébés, avec le virus respiratoire syncytial (VRS), la cible du Beyfortus, étant la principale cause. Il résulte que 2% à 3% des bébés de moins d’un an doivent être hospitalisés, contribuant significativement à l’encombrement des services pédiatriques déjà surchargés. Le Beyfortus a un impact majeur sur les nourrissons de 0 à 2 mois. Simon Cauchemez note que, tandis que le nombre d’hospitalisations cet hiver pour tous les autres groupes d’âge, entre 2 mois et 1 an, était conforme aux attentes, celui des nouveaux nés a diminué de moitié.
En prévision de l’hiver 2024, 600 000 doses ont été sécurisées. Cette information est corroborée par une récente étude menée par Santé Publique France. L’enquête n’est pas basée sur la modélisation mais sur des données réelles de 288 nourrissons hospitalisés pour bronchiolite dans vingt services de réanimation pédiatrique. Sur ce nombre, 238 étaient atteints par le VRS. L’efficacité du traitement Beyfortus a été évaluée à 76% – 81% pour les cas graves nécessitant une hospitalisation en réanimation, selon SPF. En d’autres termes, le risque d’hospitalisation en réanimation pour une bronchiolite due au VRS est diminué d’environ 80% pour les nourrissons ayant été traités avec le Beyfortus.
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