Dans un livre manifeste, « Premières secousses » (La Fabrique, 296 pages, 15 euros), l’organisation polymorphe Les Soulèvements de la Terre, tente de dessiner les directives politiques d’un mouvement jusque-là majoritairement axé sur l’action. Le contexte en bref : suite aux manifestations contre la mise en place de vastes barrages à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) et des attaques contre des cimenteries, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, avait demandé la dissolution du groupe. Toutefois, cette décision a été annulée par le Conseil d’Etat. Le groupe l’a évoqué dès les premières pages : « Ce livre aurait facilement été interdit et mis à la poubelle au moment où nous avons commencé à l’écrire. » Il s’agit d’un travail qui combine une justification après coup des actions les plus visibles, un récit interne des batailles des Soulèvements et une réflexion intellectuelle sur la radicalité des mouvements sociaux.
Malgré la tentative avortée de dissolution, l’enthousiasme des militants reste intact. Dès le départ, le livre déclare que le mouvement s’identifie principalement à travers trois modes d’action. Premièrement, le blocage, défini comme « un arrêt d’une infrastructure responsable de la destruction écologique » – arrêter un projet par exemple. Ensuite, « le désarmement », présenté comme la déconstruction des infrastructures ou des chantiers qui aggravent la catastrophe actuelle, c’est-à-dire, le sabotage. Et finalement, « l’occupation des terres » – à l’image de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), souvent citée comme modèle.
Radicalisation des méthodes d’action » /.
Dans une part significative de l’œuvre, on raconte comment les Soulèvements ont progressivement durci leur stratégie et réussi à mobiliser d’autres activistes, qu’il s’agisse de fermiers, de travailleurs syndiqués ou d’écologistes. Le livre détaille la lutte qui s’est produite autour des mégabassines dans la région niortaise. Il explique également comment les actes de sabotage ou les occupations n’étaient pas nécessairement approuvés au début. Cependant, ils sont peu à peu devenus acceptés, pensent les auteurs, à la fois dans l’enthousiasme de la résistance collective et face à la répression.
« Nous n’avions pas prévu l’ampleur sans précédent du feu qui s’est déchaîné contre nous ce jour-là », admettent les activistes en parlant des affrontements de Sainte-Soline. « Sur le plan tactique, nous sommes vaincus. Sur le plan politique, de nombreuses interrogations se posent. D’un point de vue émotionnel, c’est difficile », analysent encore Les Soulèvements, qui explorent en profondeur les discussions du mouvement après ces incidents.
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