Dans une situation d’urgence, un abri a dû être rapidement trouvé pour loger quatre grands tétras (trois femelles et un mâle). Ils ont finalement passé la nuit de jeudi 25 à vendredi 26 avril dans un tunnel forestier, protégé par une clôture électrique, sous la surveillance de l’équipe du parc naturel régional (PNR) des Ballons des Vosges, en attendant une décision judiciaire sur leur futur. Initialement, ces quatre volatiles devaient être libérés jeudi après-midi, immédiatement après leur arrivée de Norvège, où ils avaient été capturés plus tôt cette semaine.
La libération, qui avait été temporairement suspendue, a finalement eu lieu vendredi 26 avril, suite au rejet d’un référé suspension par le tribunal administratif de Nancy, déposé par cinq associations vosgiennes. Ces associations contestaient le plan de renforcement de la population du grand tétras proposé par le parc. Après des dizaines d’heures de transport par la route, ces oiseaux imposants et lourds, également connus sous le nom de coqs de bruyère, ont pu s’envoler depuis la réserve naturelle nationale du massif du Grand Ventron. On s’attend à ce que d’autres les rejoignent prochainement, alors qu’au moins sept oiseaux ont déjà été capturés.
Dans son arrêt, le juge des référés n’a pas reconnu le caractère d’urgence de la requête et a jugé que la libération n’était « pas susceptible de causer un préjudice suffisamment grave à la protection des oiseaux », soulignant que « le taux de mortalité lors de telles opérations est faible ». Il a également estimé que l’introduction de ces grands tétras répondait à « un motif d’intérêt général » de conservation de la biodiversité. Un débat très animé.
Toutefois, le débat animé sur ce projet litigieux et les problèmes qu’il soulève ne devrait pas être interrompu par ce verdict judiciaire qui a besoin d’encore être examiné en profondeur. A plus de 2 000 km au nord, ces galliformes boréaux ont été capturés, mais survivront-ils dans le massif Vosgien ? Plus pertinent encore, est-ce que l’introduction de cet oiseau peut aider à préserver une population viable du plus grand oiseau sylvestre de la région française, ainsi évitant sa disparition locale ?
C’est précisément l’argument que l’Etat et le parc défendent. Le projet, qui a été lancé il y a deux ans, envisage, selon ses instigateurs, la capture de 40 oiseaux par an pendant cinq ans, avec un budget de 200 000 euros. Les oiseaux prélevés en Norvège, où 200 000 grands tétros vivent, seront déduits du quota de chasse du pays. Néanmoins, un document provenant des autorités norvégiennes, consulté par les associations et Le Monde, suggère le chiffre de 50 oiseaux sur cinq ans, donc seulement 10 par an.
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