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« Décès de Laurent Cantet, Cinéaste Humaniste »

Il faisait partie de cette génération de cinéastes à succès qui ont redonné vie au cinéma d’auteur français à partir des années 1990. Il s’est établi plus tard que ses contemporains tels que Eric Rochant (Un monde sans pitié, 1989), Patricia Mazuy (Peaux de vache, 1989), Xavier Beauvois (Nord, 1991), Cédric Kahn (Bar des rails, 1991), Arnaud Desplechin (La Sentinelle, 1992) et Pascale Ferran (Petits arrangements avec les morts, 1994) – c’est Laurent Cantet qui nous a laissés bien trop tôt, avant eux. Le célèbre réalisateur, qui a remporté la Palme d’or 2008 avec Entre les murs, s’est éteint le jeudi 25 avril, après avoir courageusement combattu la maladie pendant une longue période, il est décédé à 63 ans.

Natif de Deux-Sèvres en 1961, ce fils de professeur a intégré l’Idhec (maintenant la Femis) en 1984, il a tissé des liens d’amitié en particulier avec Dominik Moll et Gilles Marchand. Il est resté fidèle à ses racines avec un sens de l’humanité et une moralité rarement vue dans l’industrie du divertissement. Il valorisait l’éducation, la pensée critique, la compréhension profonde des choses, tous ces thèmes qui sont la base de l’éducation, il les considérait aussi comme des qualités dignes du cinéma. À l’instar des frères Dardenne, précurseurs de cette forme moderne du cinéma, il a trouvé tardivement mais définitivement son style artistique dans une combinaison subtile entre l’engagement social et l’enjeu romanesque. Tous à la manif, son premier court métrage réalisé en 1994, était en quelque sorte le lancement de ce projet.

Sa carrière est marquée par deux succès notables, après avoir dirigé neuf longs métrages de 2000 à 2021. Son premier film, « Ressources humaines » (2000), et « Entre les murs » (2008), qui a remporté une Palme d’or, un honneur qui n’a pas été attribué à un film français depuis le geste audacieux de Maurice Pialat pour « Sous le soleil de Satan » en 1987, se distinguent particulièrement.

Dans le premier long métrage, il présente un acteur talentueux de 23 ans, Jalil Lespert, dans un contexte industriel presque oedipien. Franck, étudiant dans une école de commerce, rentre dans sa région natale pour un stage dans le département des ressources humaines de l’usine où son père ouvrier et sa soeur travaillent depuis trente ans. Un litige sur les heures de travail le transforme en un héros tragique, mais d’une façon beaucoup plus imprévue que ce que la situation initiale laissait présager. En utilisant principalement des acteurs non professionnels et une documentation détaillée, « Ressources humaines » offre un aperçu du monde corporatif, rarement exploré par le cinéma de fiction, et le présente comme un lieu aussi dramatique que tout autre.

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