La prestation de serment du conseil présidentiel de transition en Haïti, qui a émergé après de longues et ardentes négociations, a eu lieu le jeudi 25 avril. Cette inauguration a suivi la démission officielle du Premier ministre Ariel Henry. Le conseil a la tâche ardue de diriger un pays tourmenté par la violence des gangs.
Neuf individus, y compris huit hommes et une femme, composent le conseil. Leur investiture a eu lieu pendant une cérémonie biphasée, d’abord au palais présidentiel, avec une fanfare en guise d’accueil; ensuite à la Villa d’accueil, le siège du gouvernement haïtien, en présence d’ambassadeurs et de représentants de la société civile.
Pour les États-Unis, cette formation du conseil est une étape « essentielle » pour la tenue d’élections en Haïti, qui n’a pas organisé de scrutin depuis 2016. De son côté, l’ONU a accueilli favorablement la création de ce groupe et a exhorté les nouvelles autorités à « pousser l’application pleine » de leurs engagements.
Au moment où le conseil prenait ses nouvelles responsabilités, des tirs d’armes automatiques ont retenti dans le centre de Port-au-Prince et à Delmas, en banlieue, près du palais présidentiel. Les témoins ont signalé à l’Agence France-Presse (AFP) qu’il s’agissait de gang-fights et d’affrontements armés, une indication claire que malgré une progression politique prudente, les citoyens demeurent pris au piège de la violence.
« Madame et messieurs les membres du conseil, vous avez hérité officiellement des rênes de la destinée de la nation et de son peuple grâce à la cérémonie de ce matin », a déclaré Michel Patrick Boisvert, le premier ministre par intérim, s’adressant aux nouveaux dirigeants. Il a exprimé son soulagement que le pays puisse continuer à espérer et croire au changement, tout en soulignant « la grande responsabilité » que le conseil endosse désormais.
La « restauration de la sécurité publique » est la priorité principale déclarée du conseil, selon l’une de ses membres, Régine Abraham. Abraham a également critiqué durement l’échec apparent du gouvernement précédent, lequel, selon elle, a abandonné de manière totale son devoir de protéger les citoyens contre le crime.
Dans le même temps, le premier ministre contesté, Ariel Henry, qui avait indiqué en mars son intention de démissionner lorsque les nouvelles autorités seraient en place, a confirmé la dissolution de son gouvernement par une lettre datée de mercredi, mais rendue publique jeudi.
En prévision de la mise en place d’un nouveau gouvernement, Michel Patrick Boisvert a été désigné comme premier ministre par intérim. Boisvert avait déjà signé de nombreux communiqués officiels ces dernières semaines, Ariel Henry étant aux États-Unis et incapable de revenir dans son pays après un voyage au Kenya.
Le conseil de transition doit maintenant constituer un nouveau gouvernement et nommer un premier ministre. La création du conseil a nécessité plusieurs semaines de négociations compliquées et a connu de nombreux retournements de situation, principalement dus à des désaccords entre les partis politiques et autres acteurs impliqués, y compris le gouvernement sortant.
Le conseil est formé de sept membres votants, représentant les principales forces politiques d’Haïti et le secteur privé. De plus, deux observateurs sans droit de vote donnent une voix à la société civile et à la communauté religieuse.
Depuis plusieurs années, Haïti subit une instabilité politique incessante. Cependant, en fin février, des gangs – dont l’activité violente détruit déjà de vastes zones du pays – ont orchestré des attaques contre des points essentiels, déclarant leur intention de destituer Ariel Henry. Ce dernier, qui avait été nommé peu de jours avant l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021, était fortement disputé. Le 11 mars, en parallèle d’une rencontre entre Haïti et diverses organisations et nations dont les Etats-Unis, il a révélé qu’il comptait renoncer à son poste pour céder la place à un conseil de transition.
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