L’aggravation des distances requises, la centralisation des prestations dans les métropoles, la dépendance envers les véhicules personnels, l’accroissement des dépenses liées à l’automobile, l’absence d’options de transport public alternatif, le renoncement à l’accès aux soins et à l’emploi ainsi qu’un potentiel isolement social total… Ces préoccupations liées à la mobilité dans les régions rurales, qui ont été au cœur des tensions sociales des « gilets jaunes » en 2019, ne sont pas récentes.
Malgré un délai de cinq ans, les solutions proposées par les autorités restent fortement inadéquates par rapport à la gravité des exigences. C’est la conclusion tirée par un rapport lancé le jeudi 25 avril par le Secours catholique-Caritas France (« Territoires ruraux: en panne de mobilité »), produit en collaboration avec huit associations (Croix-Rouge française, Emmaüs France, le Réseau Action Climat, France Nature Environnement, la Fondation pour la nature et l’homme, le Mouvement rural de jeunesse chrétienne, la Fédération française des usagers de la bicyclette, Chrétiens dans le monde rural) au côté de chercheurs et de gouvernements locaux.
Le but: interpeller la responsabilité des autorités. Car « si la France aspire à se doter des ressources nécessaires pour atteindre l’objectif de carbone neutre d’ici 2050 (…) la décarbonation des transports dans les zones rurales doit être une priorité », est-il souligné. Toutefois, « il est inacceptable de se contenter de la situation d’exclusion et de précarité dans laquelle l’utilisation excessive de la voiture et l’extension des services confinent trop de résidents des zones rurales ».
Le Secours catholique, avec ses 3500 équipes locales réparties sur l’ensemble du territoire, est parfois la seule association de bienfaisance présente dans les régions les plus isolées. Ces équipes s’efforcent de fournir des options de transport aux individus les plus vulnérables par l’attribution de microcrédits ou de subventions pour l’achat d’un véhicule, ainsi que par des mesures de transport solidaire. Cependant, les bénévoles se sentent de plus en plus impuissants face à l’étendue des besoins. Cette situation s’aggrave notamment par le manque de conducteurs bénévoles, en raison de la précarité de leur situation face à l’augmentation des coûts du carburant.
Les associations caritatives comme Secours catholique fonctionnent souvent comme un patch dans un système défectueux qui ne fournit pas de solution durable pour la mobilité quotidienne dans les zones rurales, selon un rapport. Il souligne le manque de coordination entre les diverses parties prenantes de la mobilité, dont les compétences sont parfois ambiguës, entrainant une prolifération de solutions isolées, mal intégrées et peu connues. Didier, un conducteur bénévole pour le Secours catholique dans le Poitou, affirme que leur rôle n’est pas de servir indéfiniment la communauté, car ce n’était pas l’objectif initial.
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